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Projet
Fin de la vente des véhicules
Fin de la vente des véhicules thermiques en 2035 : la voiture électrique réchauffe aussi la planète
Exclu Web Mis en ligne le 9 juin 2022
La décision est historique et risque de ne pas plaire à tout le monde : le 8 juin, l'Union européenne a voté un texte interdisant la vente de voitures thermiques neuves à partir de 2035. En clair, cela signifie qu'il va falloir passer à l'électrique ou acheter un bon vieux vélo. On aurait dû envoyer notre numéro spécial « Dernière arnaque avant l'apocalypse : la voiture électrique » au Parlement européen, cela leur aurait évité de voter pour des véhicules qui sont très loin d'être propres comme certains le prétendent ! De votre côté, si vous ne voulez pas vous faire pigeonner et continuer à penser que « électrique = écologie », plongez-vous dans ce numéro dont voici un extrait.
La voiture électrique est présentée comme « propre », au motif qu’elle n’émet pas de gaz à effet de serre en roulant. C’est une vision extrêmement étriquée de l’écologie. Car si on compte tout le CO2 émis, de leur fabrication à l’« effet rebond » qui conduit à les utiliser davantage, les voitures électriques sont très loin d’être aussi propres que certains le prétendent.
Même avec la plus mauvaise foi du monde, c’est un fait incontestable que personne ne peut nier : il n’y a pas de pot d’échappement dans une voiture électrique. Mais de là à s’exclamer en chœur, tels des croyants illuminés et déshydratés en quête d’une oasis ou du messie, « youpiiiie, voilà enfin la voiture propre », il y a un gouffre qu’il serait bien imprudent de sauter à pieds joints. C’est pourtant le dogme que beaucoup de gens veulent nous faire avaler.
On ne se contente pas de dire que la voiture électrique serait juste un peu moins sale que la voiture à essence, oh non : on prétend qu’elle serait carrément, et totalement « propre ». Le gouvernement brandit sa volonté de « renouveler le parc automobile français en faveur des véhicules propres » (economie.gouv.fr). Un discours qu’on retrouve notamment sur le site metropolegrandparis.fr, qui invite à « déposer un dossier unique de demande de subvention pour l’achat d’un véhicule propre »… Aides à l’achat par ici, stationnement gratuit par là …, par tous les bouts on vous incite à euthanasier votre diabolique engin à essence pour le remplacer par une électrique dans l’air du temps.
Il est vrai qu’une voiture électrique n’émet pas de CO2 en roulant. Il y a donc moins de ce qu’on nomme « pollution locale ». Mais si l’on veut vraiment parler d’écologie, il faut une vision plus large, à la fois dans le temps et l’espace. Car la saleté d’une voiture ne se limite pas à ce qui sort du pot d’échappement. Il faut tenir compte de toute la chaîne, de la fabrication à la destruction. Or, sous cet angle, ça se complique et pas qu’un peu.
Remonter toute la chaîne
Ce qui plombe le bilan écologique de la voiture électrique, c’est d’abord la fabrication. Qui dit fabrication dit énergie, et donc émission de CO2. Selon la plupart des estimations, il faut environ deux fois plus de CO2 pour construire une voiture électrique que thermique. Ceci à cause des batteries, qui sont majoritairement produites en Chine, avec de l’énergie issue du charbon. Un bilan que Nicolas Meunier, ingénieur automobile, journaliste au magazine Challenge, et auteur du livre L’arnaque de la voiture propre (Hugo Doc), résume de la façon suivante : « en tentant de limiter les émissions polluantes locales, on en crée une plus importante au niveau du lieu de production ».
À cela, il faut ajouter l’énergie qui sert à recharger la batterie. Contrairement à ce que voudrait nous faire croire la propagande gouvernementale, l’électricité ne tombe pas du ciel, par la bonne volonté d’une fée écologiquement bienveillante. Il faut toujours une source d’énergie pour la produire. En France, elle provient essentiellement de l’énergie nucléaire (on y reviendra), qui n’émet pas de CO2. Mais dans des pays comme l’Allemagne ou la Pologne, le charbon est encore largement utilisé.
Pour établir l’impact sur l’effet de serre, les spécialistes tracent une courbe qui représente l’émission de dioxyde de carbone en fonction du nombre de kilomètres parcourus. Prenez deux voitures, l’une électrique, l’autre thermique. À la sortie de l’usine, l’électrique est plus polluante en CO2, à cause, on l’a dit, de la fabrication de sa batterie. Mais dès qu’elles commencent à rouler, la voiture thermique rattrape son « retard » de pollution si l’on peut dire : pour la simple raison qu’elle émet du Co2 en roulant, contrairement à la voiture électrique. Au début, la voiture électrique est plus polluante que la voiture thermique. Mais il va y avoir un nombre de kilomètres – appelons le X – à partir duquel l’électrique devient moins polluante. Tout le nœud de la controverse réside donc dans l’estimation de cette limite X.
X comme estimation douteuse
Il y a eu des dizaines et des dizaines d’études effectuées dans le monde entier, par des chercheurs universitaires (de Cambridge à Berlin, New-York ou Pékin…), des fabricants de bagnoles, des agences gouvernementales, des associations écolos, des groupes autoproclamés « indépendants »… Résultat : c’est le grand bazar. Selon certaines estimations, la voiture électrique émettrait moins de CO2 qu’une voiture thermique à partir de 17 000 km parcourus, selon d’autres à partir de 300 000 km… Cet hallucinant grand écart n’empêche pas les pouvoirs publics de s’enflammer sans la moindre nuance. Notamment, sur le site ecologie.gouv, on peut lire que la voiture électrique est « 2 à 6 fois moins polluante sur l’ensemble du cycle ». Quand on sait qu’en France, la part des transports est estimée à environ 30 % du total des émissions de gaz à effet de serre, le passage à l’électrique aurait un effet loin d’être négligeable sur le réchauffement climatique… Sauf que là encore, ce n’est pas si simple.
Dans un tel fouillis d’études contradictoires et disparates, on peut piocher absolument ce qu’on veut, selon la thèse que l’on souhaite défendre. On peut envoyer balader d’un revers de main toutes les études, et rester figé sur son idée préconçue. Une option un peu plus subtile, mais pas moins malhonnête, consisterait à ne sélectionner que les études qui nous arrangent. Si on est pro-voiture électrique, on peut prendre l’étude qui montre qu’elle est « propre » dès 17 000 km, et considérer toutes les autres comme des farces… Si on est anti-voiture électrique, il faudrait s’appuyer sur les travaux qui aboutissent à une valeur de 300 000 km, et dénoncer tous les autres comme des manipulations de l’industrie automobile… Dans un cas comme dans l’autre, c’est agir sous l’emprise du dogmatisme, et ce n’est pas notre genre. Que faire, si l’on est un tant soit peu honnête ?
On ne va pas entrer dans le fastidieux fouillis de ces études (j’ai quand même passé plusieurs jours à me plonger dedans pour tenter d’y voir un peu clair, et je vous jure que ce n’est vraiment pas marrant !). En fait, les différences entre ces études peuvent s’expliquer par un tas de choses : l’énergie prise en compte, la façon dont elle est estimée, le type de voiture (plus l’autonomie est grande, plus la batterie est grosse, et plus elle sa fabrication est coûteuse en CO2), le pays où elle roule (selon que l’électricité provient du charbon ou du nucléaire). Il faut aussi tenir compte d’éventuels biais idéologiques influençant les chercheurs – et qui peuvent jouer dans les deux sens, selon qu’ils sont décroissants radicaux ou suppôts de l’industrie électrique….
Voyons l’avis de Nicolas Meunier, qu’on ne peut pas accuser d’être pro-voiture électrique puisqu’il a écrit un bouquin qui la qualifie d’arnaque : « pour moi, une valeur crédible serait de considérer que la voiture électrique émet moins de CO2 à partir de 40 000 et 50 000 km parcourus ». En gros, une estimation à mi-chemin entre les plus pessimistes et les plus optimistes (selon le point de vue d’où l’on regarde). Et c’est d’ailleurs – à peu près – à la même valeur qu’aboutit une estimation menée en septembre 2020 par le constructeur suédois de voitures électriques Polestar, qu’on ne peut pas soupçonner d’être anti-voiture électrique, puisqu’il en vend [1].
Ça ne s’arrête pas là pour autant
Bon, admettons. Mais est-ce qu’il y a matière à chanter sans réserve la « propreté » de la voiture électrique ? Eh bien non, loin de là . D’abord, parce que les voitures électriques ne sont pas certaines d’atteindre ce fameux nombre de kilomètres à partir duquel elles seraient moins polluantes que les thermiques. Ce n’est pas tant qu’elles flanchent avant, non, car un moteur électrique peut durer très longtemps. Le problème est qu’elle sont plus vite obsolètes, comme l’explique Nicolas Meunier : « Acheter une voiture électrique aujourd’hui, c’est comme acheter un magnétoscope juste avant l’arrivée des DVD. Leur valeur va chuter plus vite car le progrès technique est plus rapide que pour les véhicules à essence. Le scandale c’est qu’on vous incite à changer de voiture, même si vous en avez une qui roule encore bien. La loi contre l’obsolescence programmée s’applique à tout sauf à la voiture ». Chaque nouvelle génération de voiture électrique rendant caduque la génération précédente, cela incite à consommer toujours plus, et donc à fabriquer de nouvelles voitures… Et par conséquent, à polluer davantage.
À ce bilan déjà copieux, il faut ajouter un autre phénomène : on l’appelle « effet rebond ». Il n’est pas spécifique à la voiture électrique, mais se rencontre plus généralement quand certains « avantages » (environnementaux, financiers ou autres) entraînent une augmentation des usages qui annulent lesdits avantages. Par exemple, avec la voiture électrique, vu que les gens n’ont pas à passer à la pompe, ni à payer de frais de parking (car le stationnement leur est souvent offert) et que de surcroît ils ont l’impression de rouler propre, au final ils auront tendance à effectuer davantage de trajets en voiture électrique qu’ils n’en auraient fait avec leur voiture à essence.
Une étude menée en 2018 en Suède et en Norvège par l’Agence européenne pour l’environnement (Electric vehicles from life cycle and circular economy perspectives) a conclu que 20% des déplacements en voiture électrique se substituent à des trajets que les utilisateurs auraient parcouru à pied ou en transport en commun. Donc, là encore, même constat : auréolé de bonne conscience écologique, on roule plus, on fabrique plus de voitures, et on pollue plus !
Mais surtout, il y a un point essentiel, qui est scandaleusement passé sous silence par les thuriféraires de la voiture électrique : quand bien même celle-ci permettrait de réduire la facture de CO2 (ce qui est, on l’a vu, très discutable), on occulte la provenance de l’électricité… qui en France du moins, est nucléaire. Clamer la « propreté » du véhicule, en occultant la « saleté » de la source d’énergie qui sert à le faire rouler, c’est de l’écologie pour autruches. Le véritable bilan exigerait d’ajouter les déchets nucléaires dans la facture. Et à ce compte là , nul doute que la voiture électrique serait largement perdante, et de très loin, par rapport à la voiture thermique.
On pourrait débattre longtemps des avantages ou des inconvénients de la véhicule électrique, mais ce qui est absolument certain, c’est que le discours qui consiste à la qualifier sans la moindre nuance de « voiture propre » est un gigantesque bobard politique. •
https://charliehebdo.fr/2022/06/ecologie/climat/fin-de-la-vente-des-vehicules-thermiques-en-2035-la-voiture-electrique-rechauffe-aussi-la-planete/
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