Création d’une zone à faibles émissions mobilités (ZFE-M) – mise à disposition du public du projet d’arrêté 2024
Projet
Climat : pas de recette
Climat : pas de recette magique dans la voiture Ă©lectrique
Tribune
Publié le 21 mai 2024 Mis à jour le 21 mai 2024 à 13:27
Le bilan carbone caché des véhicules électriques
Les éudes se succèdent pour nous alerter sur l’accélération du réchauffement climatique en cours. Dans les pays membres de l’Union européenne, les aléas climatiques causent de gros dégâts dont les réparations sont très émettrices de CO2. Voilà aussi pourquoi la conversion à la voiture électrique ne débouchera pas sur la neutralité carbone promise pour 2050 par la Commission européenne.
Selon une étude publiée le 14 mai dernier dans la revue « Nature » et dont l’auteur principal est Jan Esper de l’université Johannes-Gutenberg de Mayence en Allemagne, l’été 2023 a été le plus chaud de tous les temps. 2023 dépasse de 2,3°C la moyenne d’avant 1890. Les auteurs expliquent l’accélération du réchauffement par la combustion du charbon, du pétrole et du gaz à travers le monde depuis deux siècles, tandis le phénomène El Nino vient aggraver la situation. La semaine dernière, les incendies avaient déjà brulé 21.000 hectares de forêt au Canada et ils continuent de progresser depuis. Sur tous les continents, les dégâts causés par les tempêtes, la grêle et les inondations appellent des réparations qui seront très émettrices de gaz à effet de serre. C’est aussi le cas en France avec les inondations dans la Région Grand –Est, après celles des Hauts-de-France et de quelques autres.
Il s’agit là d’une partie des conséquences du réchauffement climatique en cours. Citée dans Le Monde du 16 mai par Audrey Garric, la climatologue Valérie Masson-Delmotte affirmait que les résultats de l’étude évoquée plus haut « démontrent clairement la nature inégalée de la chaleur actuelle à de larges échelles et renforce les appels à une action immédiate ». Elle ajoutait que « des progrès méthodologiques sur les données anciennes avaient déjà conduit à une réévaluation du réchauffement historique, ce qui a été intégré dans le dernier rapport du GIEC ».
Le bilan carbone caché des véhicules électriques
Depuis plusieurs décennies, et plus encore depuis la Cop 21, qui s’est tenue à Paris en décembre 2015, l’analyse des causes du réchauffement climatique, comme les mesures à prendre pour le freiner, sont connues. Dans les transports, privilégier le fluvial et le rail, au détriment de la route, serait le moyen le plus sûr de réduire le bilan carbone de ce secteur responsable de 31% des émissions de CO2 en France. Mais en France, comme en Europe et dans les autres pays capitalistes développés, la conversion aux véhicules électriques nous est présentée comme la solution miracle puisque cette combustion n’émet pas de CO2.
Mais quand la production de l’électricité provient en grande partie de la combustion du charbon et du gaz, voire de la méthanisation dans les fermes, il y a toujours un bilan carbone élevé en amont. Dans une éolienne de 120 mètres de haut, il entre 4,7 tonnes de cuivre, énormément de fer, et 1.200 tonnes de béton pour la fixer au sol. Même quand la production électrique est assurée par des éoliennes et des panneaux solaires, le bilan carbone est élevé en amont pour une production électrique intermittente. C’est tellement vrai que la production des centrales à charbon a augmenté d’un tiers en Allemagne depuis la fermeture des dernières centrales nucléaires malgré la forte progression de l’éolien et du photovoltaïque.
Carlos Tavares ne pense qu’aux profits de Stellantis
Le 16 mai, France 2 inaugurait une nouvelles émission hebdomadaire intitulée « l’Evènement» . Elle prétend nous éclairer sur les enjeux de l’élection des députés européens. Ce jour-là , Caroline Roux a interrogé plusieurs invités, dont Marine Le Pen et Carlos Tavares, le PDG de Stellantis. Concernant la voiture électrique, Tavares a indiqué que beaucoup de véhicules doivent parcourir environ 60.000 kilomètres avant que leur bilan carbone ne passe sous celui d’un véhicule de même puissance équipé d’un moteur thermique. Trop peu de gens savent que l’extraction et la transformation du cuivre et des autres métaux, indispensables pour produire ces voitures, émet énormément de CO2.
En toute fin d’entretien, Caroline Roux a gentiment demandé au PDG de Stellantis d’expliquer aux téléspectateurs de France 2 les raisons de son salaire annuel de 36,5 millions d’euros pour 2024, sans toutefois préciser que cela lui donne 100.000€ par jour. Très à l’aise, le PDG a expliqué que cette récompense provenait du fait qu’il avait fait gagner beaucoup d’argent au groupe automobile auquel sont désormais intégrées 14 marques dont Peugeot Citroën Fiat-Chrysler et quelques autres. Il a aussi tenté de justifié l’accord passé entre Stellantis et des marques chinoises deux jours plus tôt pour importer en Europe des voitures électriques d’entrée de gamme produites en Chine. Elles doivent permettre à son groupe de gagner des parts de marché au détriment des autres marques . On imagine qu’il espère ainsi mettre le groupe Renault en difficulté avec des milliers de pertes d’emplois sur le territoire français. Voilà qui nous renvoie aussi aux délocalisations de productions chez les sous-traitants dans l’article de Stéphane Guérard publié ce mardi en page 12 de « l’Humanité ». La hausse des profits de Stellantis sera obtenue à ce prix !
Quel sera le prix du cuivre dans les prochaines années ?
Mais le PDG de Stellantis ne fut pas interrogé sur le risque de pénurie de matières premières. Cette pénurie risque pourtant d’arriver très vite quand ont sait que d’ici 2040 la demande de nickel pourrait être multipliée par 19, celle du cobalt par 21, celle du graphite par 25, celle du lithium par 42 par rapport aux besoins en 2020. S’agissant du cuivre, la demande annuelle devrait passer de 20 millions de tonnes en 2020 à 100 millions de tonnes en 2050, date à laquelle on nous promet la neutralité carbone dans les 27 pays membres de l’Union européenne. Plus la demande augmentera, plus les prix des matières premières en voie de raréfaction flamberont et le prix de vente de la voiture équipée d’un moteur électrique la rendra inaccessible pour l’immense majorité des gens, à commencer par les salariés de’ l’industrie automobile dont la précarité de l’emploi ne cesse d’augmenter.
Voilà aussi pourquoi Léon Deffontaines, tête de liste « Gauche Unie » pour l’élection européenne du 9 juin a bien raison de mettre en exergue ces deux phrases : « La priorité, c’est le pouvoir d’achat, les salaires, les retraites et que chacun puisse vivre dignement de son travail. Il faut produire en France en relocalisant notre industrie, et lancer des grands travaux utiles pour le climat et les emplois ». Il aura l’occasion d’en dire davantage ce soir à partir de 20H30 dans le cadre du débat conduit par David Pujadas sur LCI avec sept autres têtes de liste.
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