Onzième modification du PLUi 3.1 : enquête publique
Projet
BORDEAUX , QUARTIER DU GRAND
BORDEAUX , QUARTIER DU GRAND PARC
La cité du Grand Parc, mal connue et souvent mal aimée, l’un entrainant l’autre, doit conserver son urbanisme de grande qualité, ses caractéristiques et son identité. C’est cela qui lui a permis d’être, à l’intérieur des boulevards entourant la ville, incluse dans le secteur centre du label « Bordeaux port de la lune », alors que d’autres secteurs, notamment aux abords de la gare Saint Jean, en étaient retirés. Le Grand Parc bénéficie en outre du label « Architecture Contemporaine Remarquable » délivré en 2015 par le ministère de la Culture.
O.A.P. du GRAND PARC
L’actuel plan local d’urbanisme de Bordeaux-Métropole, dans ses « orientations d’aménagement et de programmation » (O.A.P. ) concernant le Grand Parc, objectifs généraux page 4/6, indique :
« Un ensemble urbain à valeur patrimoniale à préserver.
- Principe de composition urbaine : une trame orthonormée à valoriser.
Le quartier du Grand Parc possède une composition urbaine particulière, selon une triple trame orthonormée, constituée par les voiries, les plantations et l’implantation des bâtiments de logements. C’est cette qualité particulière qui fait de ce grand ensemble des années 1960 un patrimoine remarquable.
-Trois strates de hauteur à développer.
Le quartier du Grand Parc s’organise également selon trois strates de hauteurs spécifiques : une strate haute, composée de tours de 20 étages et de barres de 8 à 15 étages, une strate intermédiaire (strate végétale, plots) et une strate basse (équipements R+1 ou équivalent). »
Ensuite, les orientations précisent notamment (page 6/6) :
« Insérer de nouveaux programmes de logements avec commerces et/ou services en rez-de-chaussée et donner une identité sobre et soignée aux bâtiments : une strate moyenne (plots) dans le parc offrant des qualités spécifiques au logement et à l'espace du parc ; une strate intermédiaire en frange du quartier, avec des formes libres, en couture avec les quartiers environnants »
Ces orientation et analyse se réfèrent aux nombreuses études existant sur ce quartier. Il est intéressant de prendre pour exemple celle, officielle, de l’agence d’Urbanisme (A’Urba) diagnostic rendu en 2008 sur le quartier, du fait de sa précision assortie d’un croquis explicatif pour ce qui concerne les trois strates de hauteur (Potentiel spatial du quartier, Hauteur du bâti, rubrique 3.1.5 et 3.1.6., pages 65 à 67/124). : « (…) à l’intérieur même du grand ensemble se dégagent deux échelles : les immeubles d’habitations entre 16 et 22 étages et les équipements entre rez-de-chaussée et R+1. Les linéaires de bâti amplifient l’impact des grandes hauteurs.
Ces deux échelles de bâti peuvent être complétées par une troisième : celle de l’espace public. Celle-ci correspond à une échelle plus humaine, elle va de la perception du micro-relief à la frondaison des arbres de hautes tiges et permet plus ou moins d’atténuer l’effet d’écrasement et de grande hauteur créé au pied des immeubles d’habitation. »
Alors que, dans l’O.A.P., se lisait d’abord (objectifs généraux) strate haute - strate intermédiaire- strate basse, on voit ensuite (orientations) la strate intermédiaire se subdiviser en deux : strate moyenne (plots) dans le parc et strate intermédiaire en frange du quartier, ce qui crée quatre strates. Les plans du quartier et de ses hauteurs de bâtiments, associés à cette analyse et prospective quant aux différentes strates identifiées confirme cet effet de cuvette décrivant régulièrement le Grand Parc, ses hauts immeubles d’habitation en formant les bords élevés, la « muraille » coupant de la ville. Evolution en 2016 du P.L.U. la strate intermédiaire créée en frange de quartier peut se comprendre du fait de besoins alors constatés : mieux relier la cité au tissu urbain, profiter de secteurs périphériques de médiocre aspect et qualité, répondre aux besoins de densification. En frange de quartier, une strate intermédiaire relevant les zones correspondantes du « bombage » de la cuvette semble de ce fait acceptable malgré quelques défauts déjà constatables au vu d’opérations réalisées. Mais Il en est tout autrement dans les sous-secteurs « A » et « B » créés dans le projet de 11 ème modification.
L’O.A.P. du Grand Parc est issue de la 1ère révision du P.L.U., approuvée par délibération du 16.12.2016.
La 11 ème modification du P.L.U. de Bordeaux métropole, mise à enquête publique, ne prévoit aucune modification de l’ O.A.P. du Grand Parc, qui s’applique et cadre donc obligatoirement tout projet.
REGLEMENT ZONE UP 14
Dans le règlement de la zone UP14 « Grand-Parc » La délimitation du sous - secteur A et notamment son emprise sur un parking public, le cours de Luze et des terrains d’un OPHLM et d’une école communale se comprend difficilement. Quelle en est la justification ?
Sur ce même secteur, la possibilité ouverte de construire jusqu’à 55 mètres de haut semble inacceptable, non conforme aux éléments non modifiés du P.L.U. Dans le cadre de la réaffectation de la tour Europe, signal phare central du quartier et bâtiment à l’architecture intéressante, sans doute pourrait-on imaginer (par mesure dérogatoire exceptionnelle ?) un bâtiment de hauteur intermédiaire sur la même parcelle cadastrale, à la place de bâtiments récents, mais pas sur l’ensemble du sous-secteur A, et surtout pas à la place de l’ensemble mairie-poste, équipement à simple rez-de-chaussée et l’un des fleurons architecturaux du quartier, malgré sa dénaturation actuelle, réversible.
De même, le sous-secteur B, peu évoqué dans le dossier, actuel centre commercial de l’Europe, ne peut évoluer selon des projets qui ne respecteraient ni les caractéristiques de l’urbanisme existant, ni l’O.A.P. du Grand Parc. Il ne peut y avoir de contradictions entre les différents documents du P.L.U. , à fortiori au sein d’un même secteur UP14, secteur, rappelons-le, reconnu pour son intérêt patrimonial particulier. Le sous-secteur B est au cœur du Grand-Parc, en son point névralgique, partie la plus basse de la cuvette. Il doit conserver cette morphologie.
Les éléments internes au rapport de présentation de la 11 ème modification (*), pages 50 et 51, Grand Parc font référence au projet de renouvellement urbain du quartier et son plan guide, desquels découleraient les évolutions actuellement proposées. Sauf erreur, les seuls éléments dont le public ait pu avoir connaissance se limitent au plan guide, document graphique unique (agence F. Leclerc, architecte et Base, paysagiste -2014), à la fois sommaire et non contractuel, qui ne prenait en compte ni les décisions municipales de 2019 (centre commercial de l’Europe) ni les mutations de la tour de l’Europe, secteurs A et B projetés, à cette époque non concernés ni intégrés dans le plan-guide. Depuis 2014, et à la connaissance du public, ce document a été utilisé ponctuellement, comme simple fond de plan, pour venir y greffer tel ou tel projet ponctuel. La seule étude qui semble présenter une cohérence plus marquée est le projet Leclerc-Base concernant le traitement des jardins (le parc) , dont une première importante tranche est réalisée. En amont, le projet de renouvellement urbain, qui est hors opération A.N.R.U., n’est pas davantage connu du public.
Pour autant, et de manière plus générale, pour prendre en compte la prise de conscience des enjeux existants, et donc le fait qu’il est désormais reconnu qu’il faut « construire la ville sur la ville », il est possible d’imaginer des constructions surélévations et/ou transformations sur certains terrains ou bâtiments (exemple réussi des barres G, H, I par les architectes Lacaton et Vassal). Cette surélévation doit cependant être mesurée, respecter absolument l’urbanisme d’origine de la cité, la morphologie existante des bâtiments. Ces choix ne doivent pas dénaturer grossièrement le Grand Parc, ni faire porter à un quartier prioritaire –politique de la ville un poids plus lourd que ce qu’il a déjà à porter. Quartier vieillissant dans les années 90, c’est désormais un quartier très jeune et qui s’est encore appauvri ( effet covid - familles mono-parentales, etc…) Ce quartier et ses abords immédiats ont déjà largement participé aux efforts de densification : ce sont plus de quarante immeubles neufs, carte de repérage faite, dont de grosses opérations, qui ont été construits dans le secteur, apportant autant de population et de besoins correspondants en terme de structures diverses, d’équipements et de places de parking, tout le monde n’ayant pas la chance de pouvoir travailler en un lieu accessible à pieds, en deux roues, ou en transport en commun ! La norme de 0,2 place de parking par logement (secteur 1) risque de tomber dans un dogmatisme ne tenant pas compte des besoins et moyens financiers de la plupart des habitants, qui ne choisissent pas leur lieu de travail. Par ailleurs, chômage et misère sociale apportant leur lot de comportements déviants, la délinquance, les incivilités se sont fortement accentuées. Ne les aggravons pas en entassant encore plus de population dans ce quartier qui a peu à peu été considéré comme une réserve foncière. Ne nions pas au Grand Parc ses qualités analysées avec un regard culturel et ambitieux quant à son urbanisme et son architecture, son patrimoine XX ème siècle. Participant à la fierté, à la dignité, ils aident au mieux vivre ensemble.
L’écriture du règlement concernant les constructions remarquables est incompréhensible, présentant de telles contradictions que l’on semble vouloir dire une chose et son contraire. Cette écriture alambiquée donne l’impression que l’on regrette cet accent mis sur une qualité qui gênerait plus qu’autre chose. Simple exemple, on ne voit pas comment on pourrait démolir partiellement l’escargot dont plan et structure sont étroitement imbriqués …
La réussite de la réhabilitation très qualitative de la Salle des Fêtes montre tout ce qu’une intervention respectueuse et ambitieuse apporte à un quartier : c’est ici remarquable, reconnu de tous, attirant un public venu de loin. Cette réussite, incluant la brasserie du Petit Parc font revivre un morceau du territoire. Et l’on sent que cela est désormais durable. Cette réhabilitation ne se serait pas faite sans l’opiniâtreté des habitants, notamment le collectif S.D.F.
Omise dans le P.L.U. existant, la double rangée de platanes située entre le centre commercial de l’Europe et le centre social et culturel GP INTEN6T devrait être protégée par une trame E.B.C. il s’agit en effet, le long de la rue Louis Gendreau, du retour à angle droit de l’allée cavalière déjà valorisée en E.B.C.
Hormis un regard fin qui semble désormais vouloir protéger le ruisseau du Limancet et ses berges, ce dont on ne peut que se réjouir et féliciter les intervenants, je suis surprise qu’aucune des propositions que j’ai faites dans mes remarques du 14.06.2021 lors de l’enquête publique sur la concertation préalable à l’étude de la 11 ème modification du P.L.U. n’ait été reprise dans le dossier actuellement mis à enquête publique. C’est étonnant, la plupart des remarques me semblant aller dans le sens des orientations de l’actuelle mairie de Bordeaux (qualité paysage bâti et non bâti, trame verte et bleue, meilleure utilisation des toits plats, limitation de la pollution lumineuse nocturne…). Par suite, je vais remettre mes propositions dans le présent dossier, sachant que certains points ont inévitablement évolué et que je me suis ponctuellement trompée (il y avait bien trois bâtiments considérés remarquables, issu de certaines de mes propositions faites …en 2004 lors de la création du P.L.U. mais qui avaient alors été négligées). Les collectivités doivent elles toujours avoir un temps de retard ?
(*) la parcelle PX 5, rapport de présentation, haut de la p.51, ne semble pas ou plus exister sur le cadastre. Ne s’agirait-il pas de PV.15 (tour Europe) ?
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