Projet métropolitain
Projet
Bordeaux 3.0 : version déprimante
J'ai cheminé à travers le questionnaire, mais je n'ai pas réussi à y répondre. Les choix proposés ne me correspondent pas, et il ne comporte aucune question ouverte. Comme toujours dans les exercices de ce type, on décide à ma place du champ de mes préoccupations, sous la forme d'une liste réduite de propositions. Or, une ville ne se limite pas à la juxtaposition de "thématiques" (novlangue encore... désolée, sans doute un dommage collatéral infligé par l'indigeste questionnaire...) : économie, emploi, solidarité, etc. Dans les réponses, je n'ai pas trouvé une seule fois quelque chose qui corresponde à peu près à mon idée de la "vie en ville". Pourquoi suis-je sommée à chaque fois de préférer 2 thèmes ?
Il n'y a donc pas de réelle participation des habitants au "projet" (question : qui a décidé qu'il devait y avoir un "projet" de ce type, qu'il fallait "fabriquer" la ville ?).
On a bien affaire ici à une "concertation", cette invention récente qui permet de faire taire (sans violence, c'est important quand on se prétend une démocratie) le "petit peuple" - ce n'est pas péjoratif au sens où je l'entends - en lui donnant l'illusion que la parole, et donc la décision, lui appartiennent : des experts en communication ont formaté un ensemble de questions anodines. Quelles que soient les réponses, elles ne changeront rien au déroulement des opérations. Quant au titre, il est parfait : "La fabrique métropolitaine". Bien rébarbatif. Il ne faudrait pas que le petit peuple se sente pousser des ailes et qu'il s'imagine qu'on l'autorise à rêver sa ville...
Métropole. Ce terme, chargé d'une connotation plutôt négative à l'origine, sert aujourd'hui la propagande des politiques béton-maniaques : il ne parle pas de vie, de diversité, d'humanité. Je ne veux pas que ma ville soit juste un territoire, un concept pour cabinets d'études sans imagination.
Les villes se sont construites lentement ; ce sont leurs habitants qui les ont façonnées, et cela a pris des siècles ; quelle est cette manie de les obliger à donner ici et maintenant un blanc seing à une poignée de "spécialistes", pour rendre méconnaissable - inhabitable - leur ville en une ou deux décennies ?
Mesdames et messieurs les conseillers communautaires, soyez inspirés s'il vous plaît : cessez de confier nos existences à des technocrates laborieux ! La ville est certes une construction hasardeuse, pas toujours heureuse, elle ne doit surtout pas être un projet technocratique. Avec l'aide de cette merveilleuse loi qui fait de l'agglomération bordelaise une ZAPA (Zone d'Action Prioritaire pour l'Argent... aïe pardon... pour l'Air) on va disposer d'une belle diversité de moyens pour bouter les pauvres hors de nos murs prestigieux, en même temps que leurs vieilles bagnoles puantes. Oui, finalement on peut parler de concertation, tant les actions pour y parvenir paraissent concertées...
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