Création d’une zone à faibles émissions mobilités (ZFE-M) – mise à disposition du public du projet d’arrêté 2024
Projet
Des arguments ont été
Des arguments ont été échangés sur la place à donner aux véhicules électriques en France et en Europe dans le cadre de la campagne pour élire les députés au Parlement européen. Sans vraiment évoquer le principal risque que sera la surconsommation de cuivre et d’autres métaux rares dans le cadre d’un conversion à la voiture électrique dans le cadre d’une circulation routière constante en Europe et dans le monde.
Nous avons montré dans notre article d’hier comment la firme Citroën, intégrée au groupe automobile Stellantis, tente de promouvoir les différentes versions du modèle « C3Aircross » pour gagner de parts de marché sur chaque modèle au détriment de la concurrence. Sur les multiples chaînes de la télévision, comme dans la presse écrite, la publicité pour les véhicules électriques est désormais permanente afin d’en vendre toujours plus. De temps en temps, certains journaux osent néanmoins susciter l’interrogation de leurs lecteurs en évoquant le risque de pénurie des métaux rares indispensables pour construire tous ces véhicules électriques et leurs batteries.
Dans « Les Echos » du 27 juin en page 10, Benjamin Louvet, directeur gestion des matières premières chez Ofi Invest AM, citait « le rapport de l’Agence internationale de l’énergie sur la criticité des métaux ». Ce rapport indique « qu’à l’horizon 2035, l’offre de cuivre ne permettra de satisfaire que 70 % de la demande mondiale». 2035 est aussi la date à partir de laquelle les pays membres de l’Union européenne ont décidé d’interdire toutes vente de véhicule neuf équipé d’un moteur thermique dans le but affiché d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
Les conséquences de la spéculation sur les métaux rares
Mais la Commission européenne et les 27 pays membres de l’Union continuent d’occulter le risque évoqué par Benjamin Louvet dans cette même chronique en ces termes : « Le prix d’une matière première a donc ceci d’exceptionnel qu’il ne prend absolument pas en compte aujourd’hui l’anticipation de forte demande de métaux , tirée par les besoins de la transition énergétique, qui inéluctablement entraînera une hausse des prix au moment où cela se produira. De quoi faire d’un actif exceptionnel une opportunité d’investissement exceptionnelle pour qui croit à la transition énergétique! ».
Le même jour, en page 29 du même journal, l’article d’Etienne Goetz était titré « L’enfer environnemental de l’extraction de nickel en Indonésie ». Notre confrère précisait qu’en quelques années « l’Indonésie est devenu le premier producteur au monde de nickel avec une part passée de 5 % en 2015 à 50 % en 2023. L’archipel s’est par la même occasion imposé comme l’un des acteurs clés de la transition énergétique, car le nickel est l’un des ingrédients essentiels des batteries de voitures électriques. Mais, et c’est le paradoxe de la transition, le coût environnemental de l’extraction de ce métal est colossal, notamment en Indonésie qui a désormais la réputation d’être un producteur de nickel sale ».
Extraire une tonne de cuivre génère 200 tonnes de déchets
Dans cet article, Etienne Goetz citait une note de Thibault Michel, chercheur à l’Institut français de relations internationale (IFRI) évoquant « les dommages causés à l’environnent ». Parmi eux, « il y d’abord les impacts de la mine, en premier lieu la déforestation, nécessaire pour démarrer, l’extraction. C’est d’autant plus problématique que l’Indonésie compte parmi les belles et importantes forêts primaires au monde. Autre grand sujet environnemental : celui de la gestion des résidus miniers. Certains opérateurs peu scrupuleux n’hésitent pas à jeter les boues au fond de la mer, au risque d’y détruire la biodiversité marine ». Une fois le nickel extrait du sol il faut aussi le travailler dans les fonderies et les raffineries qui, en Indonésie sont surtout alimentées au charbon. Ce qui faisait dire à Thibault Michel : « il y a une volonté affichée d’aller vers la décarbonation mais pas grand chose de réalisé concrètement ». Surtout que l’Indonésie demeure aussi le premier exportateur de charbon au monde.
Chacun de nous deviendra-t-il alors un artisan de la réduction des émissions de gaz à effet de serre quand il décidera de remplacer sa voiture diesel ou à essence par une voiture électrique alors que les divers métaux qui entrent dans sa fabrication et dans celle de sa batterie proviennent des pays comme l’Indonésie ? Ajoutons que la production d’une tonne de cuivre, un métal qui entre en grandes quantités dans les voitures électriques, entraîne la production de 200 tonnes de déchets. Et ce bilan va s’aggraver puisque la concentration en cuivre des minerais extraits désormais en Amérique latine n’est plus que de 0,5 %, contre 1% il y a une dizaine d’années. Dans ce contexte, l’hypothèse la plus probable d’ici 2050, date de la neutralité carbone promise par la Commission européenne, sera pour les acheteurs d’un véhicule électrique une accélération précipitée vers la fin du monde tout en rendant plus difficiles les fins de mois.
Sans réduction massive de la circulation routière, la neutralité carbone ne sera pas atteignable en Europe comme dans le reste du monde.
Les mots-clés associés à cet article : cuivre Voiture électrique
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