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22/07/2024 19:47
Pollution : et si garder sa vieille voiture était la solution ?
Par Nicolas Meunier le 08.07.2019 à 11h14
"Certes à l'utilisation, une voiture neuve pollue moins qu'une plus vieille. Mais qu'en est-il si on prend en compte l'énergie nécessaire à la fabrication de la nouvelle et au recyclage de l'ancienne ?
Prime à la conversion, interdiction de circulation des véhicules les plus anciens, mise en avant de la voiture électrique… Beaucoup s'accordent à montrer du doigt les vieilles voitures comme d'importantes sources de pollution, qu'il est urgent de remplacer par des neuves, censément plus propres. Il est vrai qu'année après année, sous la pression de la réglementation et grâce au progrès technologique, les constructeurs parviennent à diminuer les rejets polluants de leurs modèles. Mais regarder les émissions à l'échappement, ce n'est qu'une vision parcellaire du bilan écologique d'une voiture.
Car le processus de fabrication est capital dans le calcul, du fait de l'énergie qui entre en jeu. "L'énergie grise c'est l'un des plus grands vecteurs de pollution. Et pourtant, nos programmes politiques n'en tiennent pas du tout compte. Et ça, c'est grave.", estime Lucien Willemin, spécialiste de l'énergie grise et auteur du livre En voiture Simone. L'énergie grise, c'est l'énergie nécessaire pour fabriquer n'importe quel objet. Une voiture certes, mais aussi les machines qui la produisent, l'infrastructure routière, les engins qui construisent l'infrastructure routière…
Cinq tonnes de CO2 pour produire une voiture
Dans son rapport sur l'environnement annuel, BMW affirme que la production d'une voiture dans une de ses usines en 2018 rejette en moyenne 400 kg de CO2, ce qui correspondrait à aux rejets à l'échappement pour une distance de 3.000 km avec une voiture moyenne estimée à 130 g/km (2.000 km si on prend en compte le raffinage du pétrole). De son côté l'association Transport & Environment estime l'opération aux environs de cinq tonnes de CO2, soit le quart des émissions du cycle de vie total d'une voiture (soit 36.000 km de rejet à l'échappement, 25.000 km en tenant compte du raffinage). BMW serait-il trop optimiste ? Disons plutôt que son chiffre ne compte que pour une petite partie de la production, celle effectuée dans ses usines. Cela ne concerne pas les nombreuses pièces qui composent une voiture (jusqu'à 500.000), qui doivent en plus voyager jusqu'au lieu de fabrication final. "Plus un objet est complexe, plus l'estimation est approximative", note Lucien Willemin. Manière de dire que le chiffre avancé par Transport & Environment, sans doute plus proche de la réalité, est également à prendre avec des pincettes.
Surtout, il n'y a pas que le CO2 à prendre en compte. Et il convient de considérer la chaîne de production de A à Z. C'est-à-dire pas seulement la fabrication des composants, mais aussi l'extraction et la transformation des matières premières utilisées pour leur élaboration. Chaque mine implique la déforestation et l'éradication de la biodiversité dans la zone concernée. Egalement, les aciéries sont source de nombreuses émissions polluantes. Et la production de tout objet, quel qu'il soit, a pour corollaire une pollution chimique qui finit dans les sols, les eaux et l'air.
250.000 km pour rentabiliser la production d'une voiture
"Nous, citoyens sommes régulièrement invités à changer d'objet pour économiser de l'énergie. Changer de voiture pour consommer moins d'essence, changer d'électroménager pour consommer moins d'électricité.", reprend Lucien Willemin. "Pour baisser notre consommation d'énergie, nous sommes invités augmenter notre consommation matérielle". A la lumière de cette réflexion, il semble difficile d'affirmer que changer de voiture pour une nouvelle, moins polluante, est un bénéfice pour l'environnement. Du point de vue du CO2, c'est en tout cas fort discutable : en se basant sur l'estimation de Transport & Environment de cinq tonnes de CO2 pour la production d'une voiture, il faudrait parcourir environ 250.000 km pour effacer les émissions liées à la production d'une voiture qui rejetterait 20 g/km de moins de CO2 que celle qu'elle remplace.
Recycler la voiture en fin de vie ne change rien à l'affaire, puisque le processus est lui aussi bourré d'énergie grise. "Le recyclage arrive trop tard, les dégâts ont déjà été faits", martèle Lucien Willemin. De plus il est incomplet : lorsqu'on annonce un recyclage à 95 %, c'est un chiffre qui concerne le poids et non le nombre de composants. Cela signifie que toutes les pièces synthétiques finissent à la décharge, occasionnant une pollution des sols. Alors certes, c'est mieux que rien mais il faut également considérer qu'un certain nombre de modèles en fin de vie sont revendus dans des pays où l'on ne pratique pas le recyclage, notamment dans les pays de l'Est ou en Afrique. Elles finissent dans des cimetières à ciel ouvert, après avoir continué à polluer en roulant dans ces pays. La pollution est déplacée et le gain global pour l'environnement est donc nul. "On vit tous sur la même planète", rappelle Lucien Willemin.
Des politiques incitatives à contre-courant du bon sens
"La technologie propre n'existe pas : avant d'être propre ici, il a fallu salir ailleurs. La solution, c'est d'acheter moins, consommer moins, prendre soin de ses objets". Une conclusion qui va à l'encontre des politiques incitatives actuelles, dont la prime à la conversion est le meilleur exemple. Dans le même registre, les interdictions de circulations faites aux véhicules jugés plus polluants apparaissent contreproductives à la lumière de ces arguments. Car une voiture Diesel achetée neuve aujourd'hui sera interdite de circulation dans Paris en 2024, après moins de cinq ans de carrière. Et Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers, nous citait il y a quelques mois pour appuyer son opposition à la Zone à Faibles Emissions, l'exemple d'une dame de 80 ans, qui possédait la même voiture depuis trente ans, en parfait état avec 30.000 km au compteur… Déclarée aujourd'hui obsolète !
Prendre soin de sa voiture, l'utiliser seulement quand c'est nécessaire et l'entretenir soigneusement, voilà sans doute une manière de rouler plus écologique que changer de voiture très régulièrement, comme l'encourage le gouvernement ou la multiplication des offres de leasing chez les constructeurs. Cela a certes le mérite de faire tourner les usines. Mais on oublie trop souvent que dans l'expression "développement durable", il y a le mot "durable". Et faire durer sa voiture n'est, contrairement à certaines idées reçues, pas forcément le plus mauvais calcul pour la planète."
https://www.challenges.fr/automobile/dossiers/pollution-et-si-garder-sa-vieille-voiture-etait-la-solution_662933(Lien externe)
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Cela ne concerne pas les nombreuses pièces qui composent une voiture (jusqu'à 500.000), qui doivent en plus voyager jusqu'au lieu de fabrication final. \"Plus un objet est complexe, plus l'estimation est approximative\", note Lucien Willemin. Manière de dire que le chiffre avancé par Transport & Environment, sans doute plus proche de la réalité, est également à prendre avec des pincettes.\r\n\r\nSurtout, il n'y a pas que le CO2 à prendre en compte. Et il convient de considérer la chaîne de production de A à Z. C'est-à-dire pas seulement la fabrication des composants, mais aussi l'extraction et la transformation des matières premières utilisées pour leur élaboration. Chaque mine implique la déforestation et l'éradication de la biodiversité dans la zone concernée. Egalement, les aciéries sont source de nombreuses émissions polluantes. Et la production de tout objet, quel qu'il soit, a pour corollaire une pollution chimique qui finit dans les sols, les eaux et l'air.\r\n\r\n250.000 km pour rentabiliser la production d'une voiture\r\n\"Nous, citoyens sommes régulièrement invités à changer d'objet pour économiser de l'énergie. Changer de voiture pour consommer moins d'essence, changer d'électroménager pour consommer moins d'électricité.\", reprend Lucien Willemin. \"Pour baisser notre consommation d'énergie, nous sommes invités augmenter notre consommation matérielle\". A la lumière de cette réflexion, il semble difficile d'affirmer que changer de voiture pour une nouvelle, moins polluante, est un bénéfice pour l'environnement. Du point de vue du CO2, c'est en tout cas fort discutable : en se basant sur l'estimation de Transport & Environment de cinq tonnes de CO2 pour la production d'une voiture, il faudrait parcourir environ 250.000 km pour effacer les émissions liées à la production d'une voiture qui rejetterait 20 g/km de moins de CO2 que celle qu'elle remplace.\r\n\r\nRecycler la voiture en fin de vie ne change rien à l'affaire, puisque le processus est lui aussi bourré d'énergie grise. \"Le recyclage arrive trop tard, les dégâts ont déjà été faits\", martèle Lucien Willemin. De plus il est incomplet : lorsqu'on annonce un recyclage à 95 %, c'est un chiffre qui concerne le poids et non le nombre de composants. Cela signifie que toutes les pièces synthétiques finissent à la décharge, occasionnant une pollution des sols. Alors certes, c'est mieux que rien mais il faut également considérer qu'un certain nombre de modèles en fin de vie sont revendus dans des pays où l'on ne pratique pas le recyclage, notamment dans les pays de l'Est ou en Afrique. Elles finissent dans des cimetières à ciel ouvert, après avoir continué à polluer en roulant dans ces pays. La pollution est déplacée et le gain global pour l'environnement est donc nul. \"On vit tous sur la même planète\", rappelle Lucien Willemin.\r\n\r\nDes politiques incitatives à contre-courant du bon sens\r\n\"La technologie propre n'existe pas : avant d'être propre ici, il a fallu salir ailleurs. La solution, c'est d'acheter moins, consommer moins, prendre soin de ses objets\". Une conclusion qui va à l'encontre des politiques incitatives actuelles, dont la prime à la conversion est le meilleur exemple. Dans le même registre, les interdictions de circulations faites aux véhicules jugés plus polluants apparaissent contreproductives à la lumière de ces arguments. Car une voiture Diesel achetée neuve aujourd'hui sera interdite de circulation dans Paris en 2024, après moins de cinq ans de carrière. Et Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers, nous citait il y a quelques mois pour appuyer son opposition à la Zone à Faibles Emissions, l'exemple d'une dame de 80 ans, qui possédait la même voiture depuis trente ans, en parfait état avec 30.000 km au compteur… Déclarée aujourd'hui obsolète !\r\n\r\nPrendre soin de sa voiture, l'utiliser seulement quand c'est nécessaire et l'entretenir soigneusement, voilà sans doute une manière de rouler plus écologique que changer de voiture très régulièrement, comme l'encourage le gouvernement ou la multiplication des offres de leasing chez les constructeurs. Cela a certes le mérite de faire tourner les usines. 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