Concertation CUB - Pont Jean-Jacques Bosc
Je parle en tant qu’habitant de la rive droite, ayant participé au développement de Bordeaux depuis 40 ans. Le Pont Jean-Jacques Bosc était déjà envisagé pour le franchissement de la rocade avec raccordement de l’axe autoroutier nord-sud projeté sur les quais rive gauche. Le manque de financement a, fort heureusement, conduit à l’abandon de cet axe.
Aujourd’hui, en lisant le dossier et les avis déjà émis je constate que :
- La nécessité du pont est admise.
- Le profil en travers (identique à celui du pont Bacalan-Bastide) semble logique, même si l’on ne doit utiliser qu’une file par sens pour les voitures comme beaucoup le souhaitent.
Par contre
- La tête de pont et son impact coté Floirac n’est pas traitée (même remarque pour le pont Bacalan-Bastide vis-à-vis de Cenon).
- Les conséquences sur l’urbanisation de la rive droite dans son ensemble ne sont pas abordées.
Je ferai donc des remarques et des propositions sur ces deux points.
Les têtes de pont :
Les études contenues dans le dossier de concertation donnent beaucoup de chiffres précis sur le trafic automobile et peu au niveau des autres modes de déplacement. Or, une très faible proportion des avis souhaite donner la priorité à l’automobile.
Pour affirmer le caractère urbain de ce pont (idem pour B-B), je propose de traiter les accès à l’image de la place Stalingrad (redimensionnée). Le centre de la place serait réservé aux déplacements doux, avec vraisemblablement une station TCSP. La circulation automobile étant reportée en périphérie.
Ces places, portes d’entrée de la rive droite, doivent bénéficier d’un traitement paysager de qualité, en lien avec les coteaux proches et les abords de la Garonne.
L’impact sur l’urbanisation :
A – A proximité immédiate des têtes de pont, un réseau de rues va être lourdement impacté (rue André Degain, Jules Guesdes, Sourbes…). Les habitants de ces quartiers ont dit leurs inquiétudes, il est urgent de concrétiser des solutions (lire « le pont cherche une voie» Sud-Ouest du 11 novembre 2010). L’architecte Djamel Klouche, pour Bordeaux, est sur un projet.
Pour Cenon, Monsieur le maire « ne croit pas à un report de circulation dans les quartiers ». Le maire de Lormont attend, quant à lui, la voiture propre et des navettes fluviales…
La communauté urbaine, maitre d’ouvrage, doit se préoccuper des flux que vont générer les deux ponts et les projets de développement pour mettre en place les infrastructures nécessaires. Deux secteurs sensibles à ce point de vue : le vieux Centre de Floirac et la zone Pont rouge-pont St Emilion (où doivent se superposer tous les types de déplacement). Des urbanistes doivent travailler sur ces deux sites, en lien avec les habitants et les collectivités locales.
B- A l’échelle de la rive droite
Des urbanistes ont émis des idées :
- Djamel Klouche (Agora 2010) : « Comment allons-nous chercher des relations avec le parc des coteaux ? ».
- Rémy Combeau (Agora 2010) : « …éviter l’exclusion territoriale en travaillant sur les centres de périphéries ».
- Olivier Brochet (architecte au Lac – Agora 2010) : « Les coteaux définissent une très forte identité à Bordeaux ».
- Michel Tournier, déjà cité dans la concertation : «…car il y a dans les villes deux fonctions, l’une primaire d’habitation, l’autre secondaire de circulation et on voit aujourd’hui partout, l’habitation méprisée, sacrifiée à la circulation… ».
- Idée personnelle : Les dossiers du pont JJB ne s’intéressent qu’à la plaine rive droite. Les plateaux (Haut Floirac, Haut Cenon avec le centre ville « La Morlette –Emeraude », Haut Lormont) sont concernés. La dénivellation ne doit pas renforcer l’exclusion.
C’est tout un programme d’études qui doit précéder, ou au moins accompagner les projets de ponts.
C – pour l’ensemble de l’agglomération :
Le pont Jean-Jacques Bosc, comme le pont Bacalan –Bastide, sont attendus par les habitants. Ils vont favoriser les relations entre les deux rives, mais il y a un risque : pour bien communiquer, il faut des collectivités bien identifiées, qui se connaissent et s’estiment. Or j’ai le souvenir de la concertation non aboutie du pont des Quinconces :
Pour les bordelais du centre ville, ce pont était inutile voire dangereux car, d’une part, ceux sont eux qui auraient du le financer et, d’autre part, il ne serait utilisé que par la population de la rive droite qu’ils ne souhaitaient pas voir rue Sainte Catherine, préférant les touristes, si possible américains.
Pour une majorité de bordelais, la rive droite est encore l’étranger ; ils souhaitent simplement profiter de la surface disponible pour y implanter les services nécessaires à Bordeaux et y faire circuler et garer leurs automobiles qu’ils rejettent du centre.
Les élus de la rive droite, s’ils ne veulent pas voir leur commune se dissoudre (comme Caudéran) par trop de proximité avec Bordeaux ou se diviser (la plaine à Bordeaux, les coteaux exclus) par manque de liens et d’identification, doivent se mobiliser d’urgence.
Partager