Bordeaux : Cité Municipale
Projet
CONCERTATION CITE MUNICIPALE
La décision de réunir dans un bâtiment 800 agents municipaux et leurs services est tout à fait louable et chacun ne peut qu'y adhérer.
Cette idée fédératrice ne doit pas pour autant faire perdre toute capacité de réaction à l'ensemble des décisionnaires de notre ville. D'autant que la lecture des documents mis à notre disposition se révèle pleine de surprises et de contradictions qui n'ont jusqu'à présent, curieusement, trouvé aucun écho.
Est-ce par qu'il s'agit d'une opération dite "d'intérêt général", appelation magique qui rend un projet "tabou" tout en lui permettant de contourner les textes ?
Parce qu'enfin, d'un côté nous avons la ville qui veut :
1° détruire un immeuble en croix emblématique du classement UNESCO
2° rayer de la carte le square André Lhote
3° édifier un bâtiment de 43 NGF de haut, 18.500 m2 SHON et 2.000 m2 au sol
4° réduire l'accès à l'esplanade Charles de Gaulle à un long couloir étroit et clôturé
5° sacrifier une cinquantaine d'arbres en plein centre ville
6° mettre en danger l'espace boisé classé EBC jouxtant l'hôtel de Poissac
Et de l'autre, l'étude FLINT de requalification du quartier Mériadeck, financée par nos deniers, dont les 2 principes prioritaires sont :
1° recycler le bâti plutôt que de le détruire
2° désenclaver l'esplanade Charles de Gaulle, l'ouvrir sur le cours d'Albret, la rendre plus accessible pour en faire un vaste espace central depuis les jardins de la Mairie jusqu'à l'Hôtel de la Préfecture.
et qui préconise en conséquence, non pas l'emplacement de la Croix du Mail, mais celui de "la terrasse KOENIG qui, desservie par le tram, serait le site idéal pour requalifier ce secteur en y construisant un bâtiment tertiaire de grande hauteur" et, dans le cas qui nous occupe, sur un terrain propriété de la ville.
Cette nouvelle construction, située à l'arrière des bâtiments emblématiques de l'esplanade, minimiserait toute incidence environnementale dévastatrice sur l'ensemble classé au patrimoine mondial de l'UNESCO et sa partie la plus remarquable : l'enfilade/esplanade Charles de Gaulle/jardins et Palais Rohan/Pey-Berland. Une photo aérienne de ce site suffit à le comprendre.
La Mairie fait référence à cette étude....... et arrête son choix sur la Croix du Mail, choix qui reste d'ailleurs assez opaque pour l'administré bordelais, tant il cumule un ensemble impressionnant de difficultés urbanistiques, techniques, paysagères, architecturales et financières. Le rapport Latournerie-Wolfrom est explicite à ce sujet.
Est-ce ainsi que l'on va (je cite) "désenclaver l'esplanade Charles de Gaulle, lui redonner une visibilité depuis le Centre Ville, l'ouvrir vers le niveau rue et rendre cet espace plus perméable et plus accessible" alors qu'il ne restera plus qu'une bande de pins (si elle survit aux travaux) en EBC de 20m coincée entre le nouveau bâtiment et la grille de l'hôtel de Poissac ? De qui se moque-t-on ?
Il fallait oser classer au patrimoine de l'humanité ce quartier mal aimé, et l'UNESCO l'a fait. Pas sans raison, tout de même ! Et on pouvait espérer que ce classement, exceptionnel pour des constructions du XXème siècle, ferait réfléchir sur l'intérêt urbanistique de cet ensemble homogène sur dalle, intérêt auquel participe l'alignement des immeubles en croix.
Un des objets de cette concertation concerne la modification de hauteur maximale autorisée qui est actuellement de 33,50 NGF.
La hauteur demandée pour la Cité Municipale est de 43 NGF.
Et nous découvrons que cette hauteur est demandée, non pas pour des raisons d'intégration esthétique ou urbanistique, mais pour (je cite) "des contraintes constructives induites par la mise en application des principes de développement durable". Cela veut dire que la future construction dépassera de 10 NGF les constructions environnantes parce que "l'espace nécessaire pour passer toutes les gaines et réseaux techniques entre les planchers et plafonds est plus important dans le cas d'une construction durable, que pour une construction classique". Et parce qu'il faut bien trouver les 18.500 m2 nécessaires au projet.
L'intégration en douceur avec la ville basse a participé largement au classement de MERIADECK, de l'avis même d'une personne qui a accompagné le jury UNESCO depuis le centre historique. Et cette intégration s'est faite grâce au square André Lhote et à la Croix du Mail excentrée sur ce square.
Les nouveaux immeubles existants respectent cette intégration en douceur : ilôt Bonnac 31.9O à 34.50 NGF, cité judiciaire 35 NGF, et le dernier né, le square Pey-Berland, s'aligne côté Mériadeck sur l'hôtel Ibis (8 niveaux) et de l'autre, sur les maisons qui font l'angle avec le cour d'Albret (4 niveaux), décrochage nécessaire pour libérer la vue sur la Cathédrale.
Pourquoi y aurait-il une règlementation différente pour la Cité Municipale ?
Pourquoi aurait-on le droit de construire un mastodonte sur 2.000m2 au sol qui va obstruer la vue sur le cours d'Albret et ses hôtels classés depuis la rue St Sernin et les places des Commandots de France et du Colonel Raynal ; et, dans le sens inverse, qui va complètement enclaver la galerie des Beaux Arts ?
Car, après vérification sur place, la Cité Municipale ne sera pas en alignement avec les bâtiments de l'ilôt Bonnac, mais suivra, au mieux, l'alignement des Hôtels de Poissac et de Basquiat, c'est à dire au plus près du trottoir actuel.
Tout cela pour l'unique raison que le terrain choisi n'est pas adapté à recevoir un immeuble de ce volume.
Et compte-tenu de la minéralisation à outrance à laquelle se livre la Mairie sur la place des Commandos de France et devant l'immeuble de l'ilôt Bonnac, vous nous permettrez de dire, inversement à ce qui est écrit dans la notice de présentation concernant "l'absence de graves risques de nuisances" (7.) qu'il y a bien une "probabilité de risque identifié" concernant la superficie globale d'espaces paysagers.
Car les 50 arbres sacrifiés du square André Lhôte risquent bien, pour rester en adéquation paysagère avec les réalisations actuelles, de finir en 3 dos d'âne de gazon et 4 arbustes plantés dans le futur dallage du parvis de la Galerie des Beaux Arts.
Faisons remarquer aussi que, contrairement à ce qui est dit, l'ensemble des plantations concernées est déclaré dans un état sanitaire "bon" par l'expertise du patrimoine arboré.
La Mairie pense depuis longtemps à une Cité Municipale et c'est tout à son honneur. Pourquoi choisit-elle le chemin le plus tortueux ?
La terrasse Koenig est desservie par le tram, le terrain appartient à la ville, il n'y a pas de contraintes architecturales, pas d'acquisitions onéreuses de lots à faire, pas de destructions lourdes. Pourquoi l'avoir écartée ?
Il y a des bordelais, promeneurs, résidents ou riverains qui aiment MERIADECK, qui aiment vivre dans leur époque et qui pensent que ce quartier mérite mieux que des décisions à l'emporte pièce.
Et qui se posent une question : MERIADECK va-t-il devenir le terrain privilégié d'expérimentations diverses, avec la bénédiction de l'Architecte des Bâtiments de France ou du Club Unesco, sous couvert de "nouvelle lisibilité" ?
Car en ce moment, sur les 3 immeubles en croix identiques (Croix du Mail, Croix du Palais et Croix des Fontaines), 2 sont déjà dans l'oeil du cyclone.
La Mairie veut anéantir le premier, la Croix du Mail, pour l'usage que l'on sait, et le Conseil Général de Gironde veut réhabiliter l'architecture du second, la Croix du Palais, selon un projet du groupe Loisier visible sur le net.
Tabula rasa d'un côté, réhabilitation de l'autre, la "cohérence d'ensemble" et la "nouvelle lisibilité" commencent bien.
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