OPERATION D’AMENAGEMENT MERIGNAC SOLEIL
Mise en compatibilité du PLU de Bordeaux Métropole
Concertation préalable du 5 mars au 5 avril 2021
Observations conjointes de l'association L'Hermitage de Féau et de l’association des membres du lotissement du Parc Féau
L’objet des deux associations et le lien avec la concertation
L'association L'Hermitage de Féau a pour objet, dans le secteur du Parc Féau et des rues avoisinantes à Mérignac, la préservation de la qualité de l'environnement, notamment la protection du cadre de vie vis-à-vis des projets d'urbanisme ainsi que la lutte contre les pollutions et nuisances.
L’association des membres du lotissement du Parc Féau a pour objet de veiller au respect du cahier des charges de ce lotissement et de préserver l’environnement, le cadre de vie, le caractère résidentiel et la tranquillité dudit lotissement.
La zone pavillonnaire dont elles défendent la préservation étant située à proximité immédiate du périmètre couvert par l’opération d’aménagement Mérignac Soleil, ces deux associations sont particulièrement touchées par les incidences de cette opération et tiennent à appeler ensemble l’attention des autorités concernées sur les très sérieuses réserves que leur inspire son déroulement.
La consistance du dossier de la concertation
Les documents spécifiquement présentés au public pour la présente concertation sont limités à la délibération du 29 janvier 2021 du Conseil de Bordeaux Métropole et à une notice explicative, lesquelles se bornent à rappeler les objectifs et les caractéristiques de l’opération d’aménagement Mérignac Soleil et à lister par annonce un certain nombre de modifications à apporter au Plan local d’urbanisme.
Les observations des deux associations
Il est frappant de constater qu’aucun de ces deux documents ne fait état des suites données aux considérations, aux recommandations et à la réserve expressément émises en février 2019 par le commissaire enquêteur à l’issue de l’enquête publique initiale ni ne donnent des précisions suffisantes sur l’application des règles d’urbanisme en cause. Or ces éléments sont particulièrement importants pour apprécier le bien-fondé des modifications annoncées.
1) Le commissaire enquêteur a d’abord estimé que l’état des lieux « devait être approfondi » en ce qui concerne la situation de l’habitat dans la ville de Mérignac, la demande de surfaces commerciales supplémentaires et la situation des besoins en équipements publics (page 9 de ses conclusions).
Sur ce point, les objectifs de l’opération d’aménagement semblent démesurés au regard de la situation réelle dans laquelle se trouve la ville de Mérignac. Les habitants de cette commune assistent déjà depuis plusieurs années à la multiplication des constructions d’immeubles dans différents quartiers et ils peuvent légitimement s’interroger, même si la demande de logements dans l’agglomération bordelaise est forte, sur la réalité de la correspondance entre cette demande et une offre locale à venir aussi importante. En outre, le plus que doublement prévu des surfaces commerciales dans une zone déjà connue pour son attractivité à cet égard ne peut qu’étonner, d’autant que le contexte économique et social actuel, qui est très incertain, incite plutôt à envisager un changement des modes de consommation.
Dans ces conditions, est-il raisonnable de maintenir la perspective de construire près de 3000 logements supplémentaires à Mérignac Soleil (soit 6000 habitants selon le dossier initial, 6500 selon le présent dossier mais sans doute sensiblement plus en réalité si l’on tient compte de l’accueil prévu pour des familles avec enfants) et d’ajouter aux 55000 m2 de surfaces commerciales existantes 90000m2 de surfaces de commerces, bureaux et autres activités ?
D’une manière générale, au vu de la densification déjà constatée dans certains secteurs où les nouveaux immeubles sont incroyablement rapprochés les uns des autres, les Mérignacais ont quelques raisons de s’inquiéter de la qualité de la vie à venir dans leur commune pourtant souvent présentée comme exemplaire en matière d’espaces verts. Comme le fait très clairement ressortir la récente étude de l’atelier d’urbanisme de Bordeaux Métropole sur les « périurbains », la grande majorité des habitants est opposée à une densification urbaine massive qui ne peut qu’aboutir à une dégradation de leur cadre de vie.
L’annonce répétée de la plantation de quelques milliers d’arbres dans le périmètre de Mérignac Soleil, pour bienvenue qu’elle soit, ne suffit certainement pas à rassurer ceux qui voient de leurs yeux comment se déroulent en réalité les constructions.
2) Le commissaire enquêteur a ensuite insisté sur la nécessité de parfaire l’évaluation du trafic routier (page 12), en rappelant notamment les incidences globalement négatives de l’augmentation de ce trafic liée à l’augmentation de la population locale (page 14).
Les riverains de la zone pavillonnaire située au nord du secteur de Mérignac Soleil, qui subissent déjà les effets d’une circulation de plus en plus marquée au sein des différentes rues situées dans et autour du parc Féau, ne peuvent effectivement que s’inquiéter de son développement. Celui-ci semble inéluctable en raison des détournements de trafic découlant dans un premier temps des importants chantiers en cours et ensuite de l’insuffisance manifeste des voies de circulation prévues dans un secteur voué à une intense densification des constructions et à un développement considérable d’activités commerciales déjà très étendues.
3) Une autre recommandation très importante du commissaire enquêteur est celle d’approfondir l’évaluation environnementale de l’opération (page 16).
En cette matière, on ne peut que s’inquiéter à nouveau des insuffisances déjà relevées en son temps par la Mission régionale d'autorité environnementale de la région Nouvelle Aquitaine, qui ont été soulignées dans le cadre de l’enquête publique initiale et que ne fait que démontrer la nécessité d’une nouvelle étude d‘impact expressément mentionnée dans la délibération précitée. La manière de procéder à cet égard limite singulièrement pour les personnes concernées l’intérêt des consultations publiques puisque, dans le cadre de la concertation, on se borne à annoncer une étude d’impact et, dans le dossier d’enquête publique qui suit, alors même que ladite étude est manifestement insuffisante, on souligne que le projet a fait l’objet d’une concertation préalable ...
4) Quant à la réserve précise formulée à la fin des conclusions et concernant « la prise en compte des préconisations de l’étude Air et Santé sur la reconsidération de la répartition des objectifs de construction de logements des voisinées 4 et 6 au profit des voisinées 2, 3, 5 et 9 », le dossier ne comporte aucun élément suffisamment précis permettant de vérifier si elle a été respectée.
Il ne suffit pas à cet égard, comme le fait la délibération, de dire que le commissaire enquêteur a émis un avis favorable avec une seule réserve car, si ladite réserve n’est pas respectée, cela donne à l’avis rendu des effets juridiques équivalents à ceux d’un avis défavorable.
5) C’est d’ailleurs une anomalie générale constatée dans ce dossier de concertation que de ne fournir, après un rappel des objectifs et des caractéristiques de l’opération d’aménagement, que des listes d’annonces des incidences prévues dans le PLU sans donner aucune précision permettant de déterminer en quoi consistent exactement les modifications en cause. Ainsi en est-il notamment des règles de retrait et de hauteur pour lesquelles la notice explicative se borne à évoquer des « règles typomorphologiques permettant de définir les retraits et hauteurs des constructions de manière cohérente ».
Le citoyen soucieux de participer utilement à cette concertation en est réduit à se reporter aux cahiers des prescriptions particulières des voisinées qui font partie du dossier de l’enquête publique initiale et qui comportent des précisions sur l’évolution envisagée des règles d’urbanisme. Mais aucun élément du présent dossier ne permet de savoir si c’est bien l’évolution prévue dans ces cahiers qui est encore retenue aujourd’hui. Surtout, ainsi que cela a déjà été relevé dans les observations recueillies lors de l’enquête publique initiale, ces cahiers présentent de nombreuses erreurs et incohérences qui conduisent à s’interroger sur leur portée réelle.
Pour éviter un nouveau recensement indigeste de ces écarts, on s’en tiendra à un seul exemple concernant la voisinée 1, en zone US-8*4, (secteur de Bio C Bon et ex-Grande Récré), qui jouxte les maisons situées en limite sud de la zone pavillonnaire. Si le cahier indique en page 16 que la hauteur, qui n’est curieusement pas réglementée dans le PLU actuel, sera limitée à 20 m avec un maximum de R+4, le même cahier précise en page 25 que « la hauteur maximale prévue pour cette voisinée est conforme au PLU (R+6 et 28m) » !
S’agissant de la hauteur des immeubles, il serait d’ailleurs opportun que soit définie de manière précise la règle dite de l’épannelage, qui vise à une transition progressive entre des hauteurs faibles à proximité des maisons individuelles et des hauteurs plus importantes au fur et à mesure de l’éloignement bâti. En ce qui concerne précisément la zone US-8*4, il n’est pas normal de prévoir des hauteurs de R+3 ou R+4 à proximité immédiate d’une zone qui ne comporte que des R+1.
Telles sont les nombreuses raisons qui conduisent l’association L’Hermitage de Féau et l’association des membres du lotissement du Parc Féau à exprimer un avis très réservé dans le cadre de la présente concertation.
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