Les boulevards : exprimez-vous !
Projet
Monsieur le maire, Mesdames,
Monsieur le maire, Mesdames, Messieurs,
Tout comme mes concitoyens j'ai appris que les boulevards bordelais allaient (éventuellement ?) être réaménagés, et je tiens à apporter mes observations car cet axe est avant tout, nous y reviendrons, une artère de circulation automobile.
Notez que je suis également avocat au barreau de BORDEAUX et que je suis spécialisé en droit automobile, ce qui confirme mon intérêt pour ce sujet.
Tout d'abord, donc, je tiens à rappeler une évidence mais par les temps qui courent, notamment à PARIS, cela n'est pas superflu : les boulevards ne sont ni plus ni moins qu'un axe de circulation routière.
Il ne s'agit ni d'un lieu de promenade ni d'un "coin de nature", mais d'une zone intra-urbaine conçue pour supporter un flux automobile important et indispensable pour la bonne desserte et la bonne oxygénation sociale et économique de la ville de BORDEAUX, mais aussi de toutes les villes en bordure externe.
Il est donc -car je vois déjà se dessiner un peu l'idée municipale- impensable de traiter cette infrastructure façon Madame Hidalgo qui a ainsi notamment fermé les voies sur berges à Paris pour permettre la déambulation de quelques rares vélos, trottinettes et chères petites têtes blondes "en mode to chill", provoquant ainsi une circulation routière infernale dans une partie de la capitale pour des centaines de milliers de personnes, augmentant ainsi la pollution que l'on voulait justement réduire.
Hélas le bon sens n'est pas donné à tout le monde.
Il faut arrêter de toute urgence ce rejet pavlovien de l'automobile qui serait responsable de tous les maux (du moins en France, pas en Chine) et de porter aux nues la "solution" des transports "doux" qui franchement dans les faits ne le sont pas du tout.
Il suffit de prendre un tram ou un bus surchargé en heure de pointe et en période de pluie pour se dire que l'on serait franchement mieux dans sa voiture, au sec avec musique, chauffage, et siège confortable, même coincé dans les bouchons.
Mais c'est surtout la violence quotidienne infligée par les vélos et les trottinettes aux autres usagers (piétons et automobilistes) qui n'a rien de doux, et le gouvernement a enfin décidé d'adopter des mesures. Car sous leur allure bonhomme, ces véhicules sans moteur ou à moteur électrique venant de toute part lancés à 25 km/h sont de vrais dangers publics puisque leurs utilisateurs s'estiment tout permis puisque justement ... il n'y a pas besoin de permis pour piloter ces engins, à la différence d'une voiture, d'une moto, ou d'un scooter.
Les conducteurs dotés d'un permis ont donc, eux, surtout de nos jours, quelque chose à perdre en cas d'infraction en terme de points et/ou d'amende. Et ça change tout car l'on n'a jamais fait mieux que le système du bâton et de la carotte, même (et surtout) dans le "nouveau" monde.
Ce qui fait qu'une quasi-totalité des permis respecte à peu près les règles du code de la route, alors que pour les non-permis c'est exactement l'inverse.
Une pensée émue d'ailleurs pour les automobilistes qui se verront (et par caméra, c'est magnifique le monde LOL !) retirer 6 points quand ce genre de déambulateur se jettera sous leurs roues d'un coup de guidon pour traverser comme d'une envie pressante à un passage piéton.
Ou comment perdre son permis sur 500 mètres en rentrant du boulot.
Merci qui ? Merci La République En Marche (Arrière) !
Espérons donc que les amendes tomberont sévèrement sur les vélos et les trottinettes, et je compte notamment sur la police municipale de Bordeaux pour faire revenir un peu d'ordre, car pour le moment seuls les accidents avec évacuation au CHU semble calmer les ardeurs.
Une bonne punition physique a souvent du bon à l'époque où l'on voudrait hélas interdire la fessée.
De plus, sur un volet écologique, la "douceur" de ces transports n'existe pas puisqu'elle n'est qu'une façade.
En effet outre la multitude d'engins (vélos et trottinettes) laissée à l'abandon n'importe où sur les trottoirs dès que l'on n'en a plus besoin (le réflex je prends/je jette du monde LOL 2.0), tels des ordures ou des excréments canins, vous savez (et plusieurs rapports ont été rédigés en ce sens) que leur fabrication est extrêmement polluante car ces véhicules sont dotés de batteries lithium-ion particulièrement nocives à fabriquer (pillage des ressources en terres rares, importation en cargos tournant au fuel lourd depuis l'Asie, etc.) que l'on ne recycle pas suffisamment.
De plus l'électricité nécessaire pour les alimenter est produite pas des centrales nucléaires ou, "progrès" à la Merkel, par des centrales à charbon dignes d'une économie du XIXe siècle.
Enfin, la durée de vie de ces cochonneries roulantes ne dépasse pas 28 jours en moyenne avant de finir au rebut.
Bref, le monde LOL bisounours à la Macron/Hidalgo ne fonctionne pas et, plus encore, le "nouveau" monde électrique est pire que l'ancien, au pétrole.
Ce premier point plutôt introductif permet donc de bien recentrer le débat et de ne pas se laisser emporter par des rêves pseudo sociaux-écologiques qui ne résolvent rien, aggravent même les situations actuelles, et sont la source d'espoirs déçus pour des générations entières.
Ce recentrage est important pour nos boulevards bordelais car dès lors l'on se dit que ce serait une ineptie de les transformer en piste cyclable ou trottinable.
Cet axe doit absolument demeurer dédié à l'automobile.
Il est inutile de vouloir faire rentrer un carré dans un triangle : cela ne marche pas, même en Union Soviétique.
Hidalgo ou pas, il faudra toujours une camionnette et pas une trottinette pour se voir livrer par Darty une nouvelle machine à laver ... et faire reprendre l'ancienne !
La voiture est un mode de transport indispensable pour bon nombre de personnes pour des raisons aussi diverses que variées, et pourtant bien souvent, je vous l'assure, nombreuses et nombreux sont ceux qui voudraient s'en passer et utiliser les transports en commun.
Sauf que tout n'est pas si facile car les distances sont parfois importantes entre domicile et lieu de travail, les lignes de bus ou de tram éloignées, les professions non compatibles (allez faire en bus de la livraison de colis ou de repas à domicile, et on en reparlera !), etc.
Nos boulevards doivent donc rester un axe automobile.
Malgré ces réflexions de pur bon sens je suis tout de même inquiet car j'ai lu la volonté municipale de créer notamment aux barrières des "lieux d'échange" ou "de vie", bref des termes bien dans le mauvais air du temps. C'est une erreur.
Les barrières sont et doivent rester des carrefours stratégiques, des portes d'entrée et de sortie efficaces et rapides pour les villes desservies, et non pas des zones à bouchons de type "zone de rencontre à 20 km/h" qui vont complètement étouffer la circulation urbaine.
Et très sincèrement, en bon bordelais ayant dans l'oeil quasiment toutes les barrières, je ne vois pas comment l'on pourrait les modifier, et quoi en faire d'autre.
Prenons la barrière du Médoc justement en travaux pour le passage de la ligne D du tram, qui est pas ailleurs une excellente idée. Que faire de plus à cet endroit qui n'est rien d'autre qu'une croix de circulation, c'est-à-dire un carrefour ?
Faudrait-il faire jouer un droit d'emprise et de préemption pour tout casser et faire un énorme rond-point paysager avec mare à canards, kiosque à musique et jeux pour enfants comme au jardin public ? Et ce à toutes les barrières ?
C'est impossible, et ce serait de la pure folie que de le tenter.
Les boulevards sont déjà suffisamment encombrés, et améliorer la vue (pas la vie) des automobilistes en les ralentissant encore plus n'est pas la chose à faire. Ce serait même l'inverse qu'il faudrait faire.
Casser le thermomètre n'a jamais soigné le patient !
Préserver certains lieux, oui, mais se priver totalement ou presque de la circulation automobile n'est ni possible, ni souhaitable. Et c'est du coup par coup, chaque situation étant différente.
En ce sens il fut possible de préserver le cours de l'Intendance lors de la création du tram, car en définitive passer en voiture par les allées de Tourny pour rejoindre les Quinconces ou les quais suffit amplement. Y supprimer la circulation automobile fut donc une bonne chose mais supprimer toute circulation par machine est impossible, le tram qui y passe en est la preuve ...
Certains auraient voulu faire de même pour la place Gambetta, mais le bon sens l'a heureusement emporté : il faut maintenir une double voie de circulation. D'ailleurs ce qui commence à se dessiner sur cette place me semble très réussi, et a permis de préserver à la fois l'urbain et l'automobile.
Ce genre de chose n'est en revanche pas possible avec les boulevards qui du fait de leur taille ont une implication trop générale, et ne peuvent donc être abordés et gérés de façon mi-urbaine, mi-routière comme c'est la cas pour une place.
Car bien sûr ils sont, et ce n'est pas péjoratif, un espace utilitaire ... comme l'est plus encore la rocade !
Cela n'empêche cependant pas de vivre très bien à leurs côtés, et pour s'en convaincre je vous renvoie au prix de l'immobilier boulevard Wilson, ou encore avenue Carnot qui lui est juste perpendiculaire; le coin le plus cher de Bordeaux.
Souvenez-vous de l'idée ridicule (mais venant de Madame Hidalgo l'on n'en attendait pas moins) de faire du périphérique parisien une espèce de rivière chatoyante avec fleurs et oiseaux, bref un fleuve amazone à la parisienne.
Mais comment feraient des millions de gens pour se déplacer ? A l'heure justement ou, paraît-il, il suffit de traverser la rue pour trouver du travail, et donc dans une société très axée sur la mobilité.
Et maintenant, faute de rivière, il y aurait pour projet d'au moins y réduire la vitesse à 30 km/h !
Dans ce pays l'on a coupé des têtes pour moins que ça ...
Les boulevards ont eux aussi déjà subi plusieurs atteintes, à savoir, pour deux exemples, la suppression des arrêts de bus que j'appelle "échancrés" ou "déportés", c'est-à-dire ceux qui permettaient aux bus de libérer les voies de circulation pour se ranger. Idée vraiment géniale, non ?
Or désormais, brillante idée sortie de l'ENA certainement, les bus s'arrêtent en pleine circulation, voie de droite !
Toujours agréable quand, automobiliste, vous attendez derrière un bus qu'un usager ait fini d'acheté son ticket avec un billet de 20 € à un chauffeur qui n'a pas assez de monnaie ...
Alors l'on me dira que les chauffeurs de bus se plaignaient d'avoir du mal à revenir sur la voie de circulation avec les anciens arrêts. Balivernes !
Qu'il suffit de s'imposer avec fermeté mais mesure comme tout conducteur, et nous savons tous sans être mauvaise langue que les chauffeurs de bus savent très bien s'imposer quand il le faut, 20 tonnes entre les mains aidant bien les choses ...
Bref, du bon sens.
Second exemple, l'amputation de plusieurs centaines de mètres de voie de droite, côté extérieur du boulevard Godard / Pierre 1er pour en faire une royale voie de bus. Ou comment condamner la moitié des boulevards dans un sens, et tout ça pour voir passer un bus n°9 toutes les 10 mn !
Riche idée.
Malheureusement c'est ce genre de destinée que je crains voir arriver pour nos boulevards.
Déjà, le passage de la barrière du Médoc va se compliquer avec l'arrivée du tram qui, je le redis, et une excellente idée. Il faudra faire au mieux, c'est tout, sûrement déjà en reconfigurant soigneusement la cadences des feux tricolores.
Mais si d'aventure cela devait se compliquer, et puisqu'apparemment il y a de l'argent à dépenser pour les boulevards, pourquoi ne pas aménager un passage souterrain pour les voitures à ce croisement comme c'est le cas barrière Saint Genès ?
Ce tunnel est d'un confort inégalable, non ?
En définitive, tout en rédigeant ce billet, se renforce ma première impression lorsque j'avais appris l'idée d'un réaménagement des boulevards : est-ce vraiment nécessaire ?
C'est exactement comme les lois dans ce pays : nous en avons bien suffisamment, mais nous ne les appliquons pas. Donc on en fait d'autres.
Oui certaines améliorations sont à apporter aux boulevards, mais par petites touches : rallonger le feu vert à un endroit, le raccourcir à un autre, rallonger une voie pour tourner à gauche, remettre des détecteurs de présence de voitures aux feux tricolores comme cela existait dans les années 1980, etc.
Mais à moins de les supprimer pour en faire une rivière enchantée, comment voulez-vous en faire autre chose qu'un ruban 2x2 voies pour véhicules automobiles ?
Ce n'est ni possible, ni souhaitable.
D'ailleurs, et pour finir comme j'avais commencé, et donc par des propos assez généraux de bon sens, la société évolue d'elle-même et par elle-même sans qu'il soit toujours nécessaire que les pouvoirs publics interviennent.
Ainsi, à propos du transport puisque c'est justement la question avec les boulevards, celui-ci évolue de façon naturelle notamment par le progrès technique.
Ne vous inquiétez pas, les constructeurs automobiles n'ont pas attendu les pouvoirs publics pour améliorer leurs produits et faire toujours mieux. Si le constructeur "X" décide de produire un véhicule plus sobre et donc moins polluant, c'est pour justement s'en vanter et s'en prévaloir pour attirer la clientèle des autres constructeurs ... qui répliqueront de la même façon, et ainsi de suite dans une sorte d'émulation technique vertueuse.
Et le bonus/malus aussi ridicule qu'injuste n'y changera rien, ou pas grand chose.
N'oublions pas non plus le côté affectivo-phychologique de la chose : les Français (et pas qu'eux !) aiment la voiture et aiment rouler.
Dans leur petite vie simple souvent fade et difficile, c'est un petit bol d'air, un petit peu de plaisir que l'on ne doit pas leur enlever, ce que n'a pas encore compris M. Macron.
Se lever tôt et rentrer tard pour un travail que l'on n'aime pas toujours, qui paye chichement et dont une bonne partie part en taxes et en impôts, avouons que ce tableau valant pour 90% des Français n'est guère mirifique.
Et si en plus on leur enlève ce petit grain de liberté consistant simplement à se déplacer de façon agréable et fluide, ce sera la guerre civile. Et pour le coup elle a déjà commencé, elle est de couleur jaune, et elle a durement frappé Bordeaux d'ailleurs.
Alors, franchement, non, je ne pense pas qu'un réaménagement d'ampleur des boulevards et dans le sens d'une limitation (car ce sera cela, ne nous mentons pas !) du flux de circulation soit nécessaire ni même souhaitable.
De plus, vous pensez bien que ceux qui ne pourrons pas passer par les boulevards traverseront chaque ville en longeant cet axe.
Ou comment déplacer le problème et pour le coup étouffer les petits centre-villes plutôt que de contingenter la circulation aux boulevards, créés justement pour cela.
Et puis, je reprends mon idée d'évolution naturelle, les gens ne sont pas (toujours) stupides et changent d'eux-mêmes la façon dont ils se déplacent. Il suffit de voir le succès du tram, et vivement d'ailleurs que la ligne D entre en service ... ce qui réduira d'autant ou presque le nombre de voitures, surtout des extérieurs à Bordeaux qui sont les plus dépendants de la voiture.
Pour prendre un seul exemple qui est le mien, je vis et travaille dans le quartier des Chartrons, et tous les jours ou presque je me rends en centre-ville, notamment au palais de justice. Possédant une voiture je ne fais pourtant jamais ce trajet avec. Je me déplace à pied ou en transport en commun (et surtout pas en vélo/trottinette, bien sûr !).
En définitive je n'utilise mon véhicule que lorsque j'ai besoin de sortir de la ville.
J'adore conduire, mais je sais que ce plaisir sera gâché par le fait que la ville est encombrée et que se garer est difficile et chèrement payé !
Quelle idée de faire en voiture le trajet place Paul Doumer / place Pey Berland !
Donc je ne le fais pas. Point.
Inutile dès lors d'assassiner l'automobiliste à coup de taxes, car son bon sens est bien souvent suffisant.
Un dernier mot pour finir, notre région est malheureusement (il faut le dire, ici) dotée d'une forte attractivité qui fait que des milliers de Parisiens et autres viennent littéralement nous envahir, et par le même coup faire augmenter les prix de l'immobilier. Et ces gens empruntent aussi nos routes !
Si la rocade qui est victime de son succès passe peu à peu à 2x3 voies, ce qui est d'un réel secours et révèle d'ailleurs le génie de sa conception remontant aux années 1960, le bon "vieux" monde, ce ne sera jamais possible avec les boulevards du fait de leur situation intra-muros, à moins de raboter tous les trottoirs, ce qui n'est pas souhaitable.
Alors ne rabotons pas les boulevards non plus !
Vincent MAYER.
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