La Métropole de Bordeaux souhaite réaliser un transport par câble entre les deux rives, au Nord de la ville de Bordeaux.
Notre association se prononce contre ce projet pour les raisons suivantes :
1- Choix du corridor et du mode
Le téléphérique (ou son dérivé, le transport par câble) est choisi non en fonction des besoins mais en fonction d’un mode de transport à la mode. Contrairement à Toulouse, La Paz ou Medellin, Bordeaux est une agglomération sans grand relief et les tracés proposés ne desservent pas de pôles majeurs de la Métropole. Le corridor proposé n’est donc pas pertinent.
La Métropole doit arrêter de choisir de modes de transport en fonction de critères subjectifs, sans avoir une vue globale du réseau et une recherche de la meilleure efficience. Or, réaliser un transport par câble (ou également un métro automatique style Rennes ou Toulouse), c’est multiplier les modes, multiplier les coûts de possession et de maintenance et multiplier les intermodalités ou correspondances laborieuses pour les usagers. Donc du gaspillage sur toute la ligne.
Un bon réseau de surface ou éventuellement souterrain dans certains secteurs peut être réalisé intégralement en tramway moderne, en évitant des correspondances lourdes, que ce soit avec un éventuel métro (- 30 à 45 m) ou un transport par câble (à une certaine hauteur).
Le mode choisi n’est donc ni pertinent ni adapté à la problématique de mobilité de la Métropole.
2- Alternative tramway
L’alternative tramway est insuffisamment étudiée dans le dossier présenté. Pourtant, nous sommes favorables à une nouvelle ligne de tramway qui relierait la gare de Cenon et la cité du vin et ultérieurement à Cracovie.
Cette ligne présente de nombreux avantages :
• Le corridor concerné (plus étendu que le tracé envisagé en câble) est pertinent tout d’abord pour mieux mailler le réseau et offrir une 2e traversée du fleuve qui aujourd’hui manque cruellement. En organisant correctement l’exploitation et avec des raccordements intelligents, la population de la Rive Gauche peut ainsi accéder plus rapidement au site d’expositions, au stade et au centre-ville.
• Le coût d’une telle liaison semble presque plus faible que celui du transport par câble envisagé. Le foncier est pratiquement disponible partout y compris aux abords de Cenon en réutilisant l’ancien raccordement de la gare d’Orléans que la SNCF laisse pourrir depuis des décades. Ailleurs, les couloirs de bus existant sur tout le linéaire peuvent être facilement aménagés pour le tramway.
• Les coûts d’exploitation seront également inférieurs puisqu’un transport par câble exige des périodes de maintenance assez longues (au mieux 1 mois par an) et des équipes très spécialisées et fournies pour assurer des astreintes. Certes, le Pont Chaban Delmas représente un « obstacle » mais ces périodes de levage cumulées sont moins importantes que les durées de maintenance.
• Cette ligne « désature » la ligne A centrale (Pont de Pierre) beaucoup plus efficacement que le transport par câble proposé : la fréquentation prévue de manière très optimiste serait de 10 000 voy/jour et serait largement insuffisante pour alléger la ligne A.
3- En conclusion
Rappelons les propos de début de mandature du président actuel : il faut investir là où il y a de la fréquentation. La Métropole investit 150 M€ sur un soi-disant RER qui fait en gros 15 000 voy/jour (30 000 prévus dans 10 ans) et est prête à investir l’équivalent de 3 km de tramway dans un transport à 10 000 voy/jour, au mieux.
Nous nous prononçons donc très fermement contre ce projet et la Métropole serait mieux avisée d’investir dans le tramway fréquenté par plus de 300 000 voy/jour, pour renforcer le réseau et améliorer son insertion et son maillage.
Association Vivement le tram!
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