Projet de Zone à Faibles Emissions mobilité (ZFE-m)
Projet
La pollution atmosphérique
La pollution atmosphĂ©rique est responsable de prĂšs de 40 000 dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ©s en France, dont prĂšs de 600 dĂ©cĂšs sur lâagglomĂ©ration bordelaise. Face Ă cette situation trĂšs prĂ©occupante et aux injonctions de lâUnion EuropĂ©enne Ă respecter les directives sur la qualitĂ© de lâair, le gouvernement a fait le choix dâimposer, Ă toutes les mĂ©tropoles de plus de 150 000 habitants, lâinstauration dâune zone Ă faibles Ă©missions mobilitĂ© (« ZFE-m »). Sur la mĂ©tropole de Bordeaux, cette ZFE prendra effet le 1er janvier 2024 sur le pĂ©rimĂštre de lâintra-rocade.
En choisissant dâimposer ces dispositifs de ZFE, le gouvernement Ă dĂ©cidĂ© de miser sur une accĂ©lĂ©ration de la transformation du parc automobile, plutĂŽt que de choisir :
o de mener une politique volontariste de développement des infrastructures de transports en commun et des modes actifs (vélo, marche)
o de conduire une vraie rĂ©flexion sur la place de la voiture et lâamĂ©nagement du territoire.
Au-delĂ de ces considĂ©rations gĂ©nĂ©rales, le choix des ZFE par le gouvernement est trĂšs discutable, câest une mesure faussement Ă©cologique, trop peu ambitieuse pour rĂ©pondre Ă lâurgence dâamĂ©lioration de la qualitĂ© de lâair. Il aura pour consĂ©quence dâexclure une grande partie de la population des centres urbains. Par ailleurs, son application sera difficile et coĂ»teuse, avec crĂ©ation dâinfrastructures de contrĂŽle des entrĂ©es/sorties, remplacement du parc automobile exclu...
Une mesure faussement Ă©cologique :
« Il faut que tout change pour que ne rien ne change » est le prĂ©cepte pouvant sâappliquer aux dispositifs de ZFE. Lâobjectif poursuivi par leur application est en effet une transformation du parc automobile sans reposer la question des mobilitĂ©s et la place de la voiture individuelle. Or, câest bien une rĂ©flexion globale quâil convient dâengager pour proposer une politique de sobriĂ©tĂ© Ă©nergĂ©tique des mobilitĂ©s, autrement dit :ne pas se dĂ©placer moins ; mais se dĂ©placer mieux.
Un autre point discutable dans les ZFE concerne les critĂšres retenus pour lâĂ©tablissement des vignettes Crit'Air. Ceux-ci apparaissent bien trop restrictifs, puisquâils prennent seulement en compte lâannĂ©e de construction du vĂ©hicule et le type de carburant, tandis quâils ignorent les Ă©missions de gaz Ă effet de serre, le cycle de vie, le poids et la consommation en carburant des vĂ©hicules.
Les ZFE ne sâappliquent pas aux sources de pollution autres que celles Ă©mises par le secteur du transport routier. Ainsi les rejets de lâindustrie, pourtant responsables de 20% de la pollution Ă lâoxyde dâazote, ceux de lâhabitat, de lâagriculture mais aussi des cargos ou navires de croisiĂšre en stationnement dans les ports ne sont pas concernĂ©s.
Enfin la problĂ©matique de la qualitĂ© de lâair dĂ©passe largement les frontiĂšres des centre urbains des grandes mĂ©tropoles. A ce titre les ZFE semblent trĂšs peu efficaces voire hypocrites, car elles nâincluent gĂ©nĂ©ralement pas les parties les plus polluĂ©es des mĂ©tropoles. A Bordeaux, lâexclusion de la rocade du pĂ©rimĂštre ZFE en est lâexemple le plus marquant.
A lâĂ©chelle de la France et de lâEurope, le choix dâimposer des ZFE en retenant un critĂšre de taille dâagglomĂ©ration, quel que soit leur situation gĂ©ographique, interpelle aussi. Il parait dĂ©connectĂ© de la carte de la pollution atmosphĂ©rique concernant particuliĂšrement les rĂ©gions industrielles et/ou hyper-urbanisĂ©es (nord-ouest de lâEurope, Italie du Nord, rĂ©gion parisienne, etc). Imposer une ZFE Ă Brest par exemple est Ă©tonnant en termes de priorisation Ă©cologique du gouvernement.
Une mesure de discrimination sociale et territoriale :
Les conditions qui prĂ©valent Ă lâaccĂšs au ZFE vont avoir pour consĂ©quence directe dâexclure les personnes les plus prĂ©caires des centres urbains concernĂ©s. En effet 38 % des mĂ©nages les plus pauvres possĂšdent un vĂ©hicule « Critâair » 4 ou 5 contre 10 % des mĂ©nages les plus riches.
Les ZFE vont ainsi amplifier la fracture sociale mais aussi la fracture territoriale. Les habitants des zones rurales et pĂ©ri-urbaines en Gironde, aux revenus mĂ©dians moindres que la population habitant Bordeaux MĂ©tropole (source Insee), possĂšdent en moyenne des vĂ©hicules plus polluants que les habitants des zones urbaines. Ces habitants vont se retrouver devant un choix impossible : dâun cĂŽtĂ© lâinterdiction (ou une forte restriction) dâutiliser leur vĂ©hicule, et de lâautre une offre de transports en commun ou de mobilitĂ©s alternatives trĂšs limitĂ©e voire inexistante dans plusieurs secteurs du Libournais, MĂ©doc, Sud Gironde.
Par exemple, en semaine le dernier train pour Cadaujac part de Bordeaux Ă 20h19, et Ă 21h50 les vendredi et samedi.
Face à ces constats, nous demandons la suspension du déploiement de la ZFE sur la métropole de Bordeaux, tant que les conditions suivantes ne seront pas remplies :
- Le dĂ©veloppement dâun rĂ©seau sĂ©curisĂ© dĂ©diĂ© aux modes actifs de dĂ©placements (vĂ©lo, marche Ă piedâŠ) sur lâensemble de la mĂ©tropole.
- Le dĂ©veloppement dâun rĂ©seau de transport en commun urbain performant et facilement accessible pour tous, en proposant la gratuitĂ© au moins partielle des transports. Lâoffre de transport doit ĂȘtre Ă©galement renforcĂ©e notamment par le dĂ©veloppement de lignes circulaires reliant entre elles les communes extĂ©rieures de la mĂ©tropole.
- La prise en compte dans les conditions dâaccĂšs Ă la ZFE, en plus des vignettes CritâAir, des Ă©missions de gaz Ă effet de serre, lâanalyse de cycle de vie et le poids des vĂ©hicules.
- LâintĂ©gration dans la ZFE des autres sources de pollution potentielles industrie, agriculture, et bateaux de croisiĂšre.
- De vraies aides financiÚres incitatives pour la conversion et le changement de véhicules et/ou pour le passage aux modes doux (vélo, transports en commun...), avec une cohérence en rapport avec les revenus des ménages et leur reste à vivre.
- Une politique de redĂ©ploiement du fret ferroviaire, au dĂ©pens des transports routiers, en rĂ©investissant pleinement la gare de triage dâHourcade (BĂšgles) pour en faire un point central de distribution Ă lâĂ©chelle de la mĂ©tropole.
- Une rĂ©orientation des politiques publiques dâamĂ©nagement et dâurbanisme du territoire, via la planification au niveau rĂ©gional et dĂ©partemental pour en favoriser lâessor des villes moyennes pĂ©riphĂ©riques plutĂŽt que de miser sur une densification toujours plus forte du centre de la mĂ©tropole (Bordeaux et communes limitrophes). Cela nĂ©cessite dâavoir le courage de rĂ©interroger les choix de la mĂ©tropolisation actuelle et de concurrence des territoires.
- Un investissement massif dans les transports en communs en secteurs ruraux et péri-urbains (ferroviaire notamment : train du quotidien, autocars de grande périphérie, solutions de co-voiturage), mais aussi dans de nouveaux parkings-relais aux abords de la métropole pour proposer offrir des alternatives crédibles aux habitants hors-métropole.
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