11e modification du PLU 3.1 : modifions le PLU pour améliorer notre cadre de vie, agissons sur le climat !
Projet
Observation n° 1 de la SCI du
Observation n° 1 de la SCI du 290 Cours du Maréchal Galliéni dans le cadre de la concertation à propos de la 11ème Modification du PLU 3.1 de Bordeaux Métropole :
La 11ème modification du PLU 3.1 affiche, une fois de plus, des objectifs qui semblent pour le moins contradictoires.
Dans cette présentation de la 11ème modification de son PLU, Bordeaux Métropole ambitionne d’adapter le PLU 3.1 aux changements climatiques à venir, ce qui est bien entendu dans l’air du temps.
Qui pourrait oser s’opposer à une modification du PLU visant à le rendre plus performant pour lutter contre le réchauffement climatique sans prendre le risque d’être immédiatement accusé d’être un vil écocide potentiel?
Nul doute que chacun trouvera cette « adaptation du PLU 3.1 au changement climatique » nécessaire.
Mais, il convient d’analyser cette présentation de la 11ème modification du PLU avec un regard plus précis et bien évidemment plus critique.
Le projet de cette 11ème modification du PLU 3.1 est, à l’évidence, particulièrement flou et très imprécis, n’évoquant que des grandes lignes potentiellement exploitables, et semble donc laisser supposer que les dispositions réglementaires qui en seraient issues seront probablement tout aussi floues et imprécises, permettant à Bordeaux Métropole de tenter de justifier à peu près n’importe quel futur changement de zonage en s’appuyant, à sa guise, sur la nécessité de densifier l’habitat ou sur la nécessité de préserver la nature… pour lutter contre les « changements climatiques»!
En effet, Bordeaux Métropole envisage, pour adapter son PLU3.1 à des changements climatiques à venir, fort mal décrits et fort mal évalués dans le projet de présentation, à la fois de « densifier l’habitat » tout en « préservant la nature » sur son territoire, pour maintenir, grosso modo, une proportion de 50 % de surface urbanisée ou urbanisable sur l’ensemble de la superficie de la communauté urbaine de Bordeaux.
Ce qui aboutirait, de facto, Ă une sorte de statu quo urbanistique par rapport Ă la situation actuelle.
Mais, Bordeaux Métropole n’ayant visiblement pas renoncé à son projet de devenir une agglomération « millionnaire » en terme d’habitants, ce statu quo va nécessairement être mis à mal.
En conséquence, Bordeaux Métropole propose de favoriser l’implantation d’immeubles de grande hauteur pour pouvoir loger plus d’habitants sur la même surface au sol.
Car, dans le même temps, il faut « préserver la nature ».
Et c’est bien là que le bât blesse…
Le rapport de présentation, à sa page 11, précise au paragraphe « SANCTUARISER LES ESPACES AGRICOLES ET NATURELS Maintenir une agriculture urbaine » que Bordeaux
Métropole semble vouloir modifier, à travers cette 11ème modification du PLU, des dispositions définies par le PADD afin de « respecter et consolider l’armature naturelle de la métropole tout en anticipant les risques et en préservant les ressources », ce qui paraît éminemment louable en soi.
Mais, pour parvenir à cet objectif, Bordeaux Métropole, semble envisager de prendre des dispositions réglementaires plus qu’étranges .
A SAVOIR :
« Destination agricole autorisée sur tout le territoire » et «Destination agricole autorisée dans tous
les règlements du PLU » :
Ces dispositions sont contraires au Code de l’Urbanisme.
La destination agricole n’est possible qu’en Zone A.
Et une zone A répond à des critères très précis, définis par le Code de l’Urbanisme.
Et heureusement.
En effet, si l’activité agricole était possible en zone urbaine, il serait possible d’envisager des activités d’élevage dans des lotissements… Et d’utiliser des pesticides nécessaires à l’activité agricole en zone urbaine.
Tout ceci paraît bien étonnant et même potentiellement dangereux pour la population de la métropole bordelaise.
« Limitation des constructions autorisées dans les Zones A » :
C’est déjà le cas.
Bordeaux Métropole envisage-t-elle d’y limiter encore plus les possibilités de construction ?
Dans quelles proportions ?
« Définition d’un zonage agricole sur toutes les terres faisant l’objet d’un usage agricole ou présentant un potentiel agronomique » :
Sauf erreur de notre part, les « terres faisant l’objet d’un usage agricole » sont déjà classées en Zone A.
Que veut donc dire Bordeaux MĂ©tropole Ă travers cette Ă©tonnante proposition ?
Vient ensuite une proposition des plus inquiétantes, Bordeaux Métropole souhaitant visiblement affecter un « Zonage Agricole » (donc un classement en Zone A??) aux terres «présentant un potentiel agronomique ».
Comment sera défini le « potentiel agronomique » d’une parcelle ?
Et par qui ?
Tout ceci nous rappelle, avec une inquiétude certaine, les 4ème et 5ème modifications du PLU3.1 au cours desquelles plusieurs parcelles urbaines, totalement dépourvues de vocation agricole, avaient été déclassées de leur zonage urbain vers un zonage naturel ou agricole, sur la commune de
Talence, dans le but « d’affirmer la vocation viticole », inexistante en l’espèce, de ces mêmes parcelles, modifications bien maladroitement justifiées par la proximité de ces parcelles du vignoble Haut-Brion.
La Communauté Urbaine de Bordeaux, devenue Bordeaux Métropole, était à l’époque restée sourde à toute forme de remise en question de sa position et le légitime zonage urbain de ces parcelles n’avait pu finalement être restauré qu’au terme d’une procédure judiciaire éprouvante (cinq ans de
procédure!) qui avait dû être poussée jusqu’à la Cour Administrative d’Appel qui rendît une décision très claire dont Bordeaux Métropole, six ans plus tard, nous semble avoir oublié le sens profond.
En outre, si la « destination agricole » est autorisée « sur tout le territoire » de Bordeaux Métropole et dans « tous les règlements du PLU », il nous semble évident qu’il serait donc possible à Bordeaux Métropole d’évoquer un « potentiel agronomique » pour n’importe qu’elle parcelle du territoire métropolitain, y compris la plus urbanisée.
Ce qui paraît extrêmement dangereux pour le droit de propriété des habitants de la métropole.
Nous serons donc extrêmement vigilants sur l’évolution des propositions métropolitaines sur ces points.
Nous ne manquerons pas de participer très activement à l’enquête publique à venir et, bien entendu,
de prévenir les propriétaires urbains voisins du vignoble risquant de subir, à nouveau, un déclassement, manifestement abusif, de leurs propriétés en zone agricole afin qu’ils puissent, eux aussi, participer à cette enquête publique à venir.
Et, s’il le faut, nous contesterons cette 11ème modification du PLU devant la juridiction administrative.
Dr Philippe GENSANNE, Dr Philippe JOUGLA, Dr Karine LEVET
Co-gérants de la SCI du 290 Cours du Maréchal Galliéni
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