Un projet de territoire pour Carbon-Blanc, une vision pour 2030
Projet
Contribution du collectif A
Contribution du collectif A Gauche Autrement (AGA) et ses Ă©lus Ă la concertation de Bordeaux MĂ©tropole sur le Projet Urbain de Carbon Blanc
La présente contribution s’inscrit dans la démarche de concertation réglementaire sur le Projet Urbain de Carbon Blanc ouverte par Bordeaux Métropole le 16 février 2017.
Elle se fonde sur les enjeux identifiés dans l’étude « Carbon Blanc, projet de territoire : une vision à l’horizon 2030 », datée de novembre 2016, et vise à contribuer à la réflexion d’ensemble par notre connaissance et notre expertise d’usager(e)s de la commune.
Elle tient compte des informations suivantes :
- l’évaluation prévisionnelle du coût de fonctionnement des trois groupes scolaires adaptés aux besoins
- un contexte dangereux de diminution des diverses dotations par l’Etat
- la déclaration du maire lors du conseil municipal du 16 février 2017 qui dit devoir « temporiser » le projet urbain faute de capacité suffisante d’autofinancement de la commune.
Plusieurs éléments dans la proposition globale du Projet Urbain portée par la municipalité nous questionnent. Sans remettre en cause la philosophie globale de ce Projet Urbain, il nous paraît possible de travailler sur des propositions alternatives portant sur certains secteurs, d’en étudier la faisabilité et d’en débattre avec les habitants et acteurs de la commune.
L’étude précitée n’a débouché à ce jour que sur une seule proposition, or il nous semble nécessaire, au vu de l’ampleur du Projet Urbain envisagé, que l’équipe chargée de l’étude et la municipalité (dans son ensemble), non seulement présentent plusieurs scénarios à débattre, mais aussi associent et impliquent davantage d’acteurs locaux, d’usagers et d’habitants dans l’élaboration même des propositions, afin de recueillir leurs visions concrètes du fonctionnement de la commune et de ses usages.
1. Les points forts du Projet Urbain qu’il nous semble bon de conserver :
- Conforter l’identité de « ville-jardin » de Carbon Blanc. L’étude montre que cette identité est fondée sur les deux trames paysagères principales de la commune : un chapelet de parcs urbains distribués le long de l’actuelle piste cyclable (Favols-les Roches-le Faisan), ainsi que l’Estey du Guâ et ses ramifications. Le point fort du Projet Urbain est de proposer de qualifier davantage cette trame paysagère et de la rendre plus accessible. Il s’agit notamment de qualifier les trois parcs urbains, en leur attribuant à chacun une fonction principale, et de poursuivre l’aménagement de la piste cyclable pour mieux les desservir.
- Conforter le(s) centre(s)-ville(s) de Carbon Blanc en créant un effet de centralité plus fort autour du secteur Mairie-Favols-Austin Conte, et avoir ainsi un cœur de ville plus lisible. Les points forts du Projet Urbain sont de : travailler sur une continuité d’espaces publics connectant l’avenue Vignau Anglade et l’avenue Austin Conte (qui comprend désormais l’îlot Thérèse réaménagé) ; désenclaver le clos Favols en perçant des ouvertures dans certaines parties bâties et en dégageant l’espace central ; conforter les équipements présents sur le secteur (médiathèque, ludothèque, château Favols, mairie) et adjoindre sur le secteur la fonction actuellement remplie par le foyer municipal, celui-ci ayant vocation à être démoli.
2. Les faiblesses du scénario proposé
Dans le scénario présenté à ce jour, l’école Barbou est supprimée et une nouvelle école élémentaire est construite sur le site de l’école maternelle Prévert. Le pôle scolaire Pasteur resterait quant à lui dans son état actuel, seule une classe supplémentaire en Algéco est prévue à la prochaine rentrée scolaire.
Dans ce scénario également, l’îlot Lacoste est entièrement voué à de la promotion immobilière et l’ensemble des équipements sportifs est transféré sur la plaine du Faisan.
- Ce scénario présente à notre sens le risque d’engendrer un déséquilibre entre le Nord et le Sud de la commune, sur plusieurs plans.
Dans le processus de développement de la commune, le secteur Sud de la commune est fortement impacté et joue un rôle clé de "courroie de transmission" avec le cœur d’agglomération : présence du terminus du tram A relié à Bordeaux centre, de la bretelle d’accès au pont d’Aquitaine, entrée de ville située dans la continuité de l’avenue de Paris requalifiée sur sa portion lormontaise.
Ce secteur est l’objet d’une forte densification, issue de divisions parcellaires privées « spontanées », comme de projets d’habitat plus denses (individuel groupé ou petits collectifs) réalisés sur des fonciers privés (ex : Domaine de Maléna) ou projetés sur des fonciers publics maîtrisés (foncier de l’actuel Foyer municipal, foncier de la salle Jacques Brel, foncier de l’îlot Lacoste, foncier de la mairie actuelle, foncier à proximité de la N10 …), auxquels se rajoutent d’autres parcelles privées mutables identifiées dans l’étude.
Sur le plan des équipements scolaires, la projection d’une nouvelle école élémentaire Prévert est intéressante pour proposer un pôle scolaire complet (maternelle et élémentaire) pour la partie Nord de la commune. En revanche, le fait que l’école élémentaire Pasteur soit maintenue en l’état, alors qu’elle dessert toute la partie Sud de la commune, nous questionne. Il nous paraît nécessaire de réfléchir à des possibilités permettant au Sud de la commune de disposer d’un pôle scolaire maternelle-élémentaire agrandi par rapport à la situation actuelle.
Sur le plan des équipements sportifs, le scénario proposé nous semble aussi porteur d’un déséquilibre. Quel est le sens de transférer l’intégralité des équipements sportifs à l’extrême nord de la commune, alors que la partie Sud, déjà , densément peuplée, va encore gagner des habitants avec la perspective des nouveaux programmes immobiliers ?
Si le transfert vers le Faisan des terrains de tennis et de foot nous semble pertinent, car il s’agit d’équipements à rayonnement communal, qui trouveraient effectivement toute leur place sur une plaine sportive comme celle du Faisan, plutôt qu’en tissu urbain, il nous semble, en complément, tout à fait nécessaire de maintenir un équipement sportif de proximité dans le secteur Sud, proche de l’école Pasteur, pour répondre aux besoins des scolaires (qui utilisent actuellement beaucoup le site Lacoste, en ayant la facilité de s’y rendre à pied) ainsi que pour les habitants de ce secteur.
- D’autre part, la vocation purement immobilière de fonciers publics stratégiquement situés nous questionne.
Cela concerne notamment le devenir proposé pour l’îlot Lacoste. Dans le scénario actuel, ce site est entièrement voué à de la promotion immobilière une fois le transfert de l’intégralité des équipements sportifs réalisé. Or c’est un îlot stratégiquement situé pour la partie Sud de la commune. Il offre une grande disponibilité foncière et des possibilités multiples de réaménagement. Il nous paraît dommage de n’y proposer qu’une programmation immobilière. Il faut, à notre sens, prendre le temps de travailler sur une programmation plus fine et un plan masse très qualitatif.
Il en est de même pour le foncier de la mairie actuelle, située en plein cœur de ville, qui peut effectivement être utilement rentabilisé pour des programmes d’habitat bénéficiant de la proximité immédiate du centre-ville, et générer ainsi des recettes financières, mais pas forcément dans son intégralité, et surtout pas à n’importe quelle condition.
Plus globalement, la densité nouvelle du secteur Sud de la commune va nécessiter un accompagnement spécifique de cette zone et une réflexion sur l’introduction de nouveaux usages et fonctions permettant de faire vivre les quartiers et de créer du lien : équipements publics, cheminements doux permettant notamment de rejoindre les axes structurants et arrêts de transports en commun, initiatives en faveur du lien social et générationnel (jardins partagés, projets intergénérationnels ? etc).
Il nous semble que le scénario actuel ne prend pas suffisamment en compte ces différentes projections.
- D’autre part, la question des usages, de la ville « vécue » et des besoins liés au mode de vie de ses habitants à une échelle plus large n’est pas assez abordée dans le projet.
La construction du projet urbain à horizon 2025 doit davantage prendre en compte le positionnement et le fonctionnement actuels et futurs de la commune dans l’agglomération bordelaise. Affirmer comme point de départ de l’étude que Carbon Blanc « se situe aux confins de la métropole bordelaise » peut laisser interrogateur. En effet, si Carbon Blanc conserve une identité de ville jardin, elle est bel et bien devenue une commune urbaine connaissant une forte attractivité et une forte pression foncière, qui doivent conduire à une réflexion de fond sur les modalités d’accompagnement de ce nouvel ancrage métropolitain.
Dans ce contexte, il apparaît difficile de ne réfléchir qu’à l’échelle communale pour construire un projet qui engagera la commune sur du long terme.
Ainsi, toutes les questions liées à la mobilité (hiérarchisation des voies/prise en compte des déplacements liés à la relocalisation des équipements etc), doivent davantage être abordées, considérées à différentes échelles et faire l’objet de propositions.
De même, les possibilités de mutualisation de certains gros équipements devraient être abordées à ce stade en intégrant les conséquences en termes d’optimisation financière des coûts d’investissement et de fonctionnement.
3. Propositions alternatives sur certains aspects du Projet Urbain
1) Un rééquilibrage des propositions portant sur les équipements scolaires et sportifs à l’échelle de la commune :
Au Nord, la proposition actuelle de constitution d’une école élémentaire à côté de l’école maternelle Prévert permet la création d’un groupe scolaire de taille confortable à l’échelle de toute la partie Nord de la commune.
Au Sud en revanche, il nous paraît nécessaire de réfléchir à d’autres propositions concernant les équipements scolaires : pôle scolaire agrandi au Sud, trois pôles … ? En tout état de cause, la communauté éducative au sens large (enseignants, directeurs d’école, équipes périscolaires, mais également les gestionnaires des équipements fonctionnant avec les scolaires…) doit impérativement être associée à la réflexion.
Si l’on prend en compte que les coûts de fonctionnement d’un troisième groupe scolaire sont difficilement intégrables actuellement dans le budget municipal déjà contraint, les recettes étant en constante diminution, quelques scénarios sont à étudier, dans l’hypothèse de rester sur 2 pôles éducatifs :
- Scénario d’un équipement Pasteur agrandi à 18 classes (les 15 classes actuelles + 1 classe supplémentaire dans l’algéco prévu + 2 classes supplémentaires à trouver sur la parcelle, par exemple sur l’espace vert devant l’école maternelle). Avec les 22 classes du nouveau pôle scolaire Prévert comme prévu dans le projet proposé par la municipalité, la jauge totale conviendrait pour l’accueil des nouveaux arrivants ; il intègrerait les deux classes supplémentaires dont nous avions estimé le besoin minimal d’ici 10 ans.
- Une nouvelle localisation pour une école élémentaire Pasteur agrandie. Il s’agit là de réfléchir à des hypothèses de redéploiement de l’école sur d’autres fonciers permettant des agrandissements futurs. Voici deux hypothèses opérationnelles, qui vont dans le sens du Projet Urbain et de la dynamique de renforcement du cœur de ville :
- Une relocalisation d’une partie du groupe Pasteur (par exemple la maternelle) sur l’îlot Lacoste, dans l’hypothèse où les terrains de foot et de tennis sont transférés sur la plaine du Faisan et qu’une disponibilité foncière existe donc. Le « groupe scolaire » est conservé, puisque les 2 équipements (maternelle+ élémentaire) restent proches. Dans cette hypothèse, la surface de l’îlot Lacoste pourrait se répartir, une fois les terrains de foot et de tennis transférés sur la plaine du Faisan, entre : un équipement sportif de proximité maintenu + la programmation d’un nouvel équipement scolaire, ce qui permet d’avoir un pôle scolaire (maternelle et élémentaire) confortable pour tout le secteur Sud de la commune ; une programmation immobilière sur le reste de l’îlot par vente de foncier.
- Une relocalisation sur le site de la mairie actuelle, dans l’hypothèse où la mairie est déplacée dans l’actuelle école Barbou. Le foncier de la mairie actuelle est lui aussi un site stratégique pour accueillir une nouvelle école en plein centre-ville.
2) Le devenir de l’îlot Lacoste
Nous souhaitons éviter la densification uniquement vouée à de l’habitat pour l’îlot Lacoste. Au vu de sa localisation stratégique, il serait intéressant que l’îlot Lacoste puisse remplir d’autres usages et préserve en partie son caractère vert et aéré : maintien d’un terrain ou d’une salle d’activités sportives, possibilité d’éventuelle extension du groupe scolaire Pasteur, usages diversifiés à réfléchir. Il serait bon, le moment venu, de prévoir d’inscrire une Orientation d’Aménagement et de Programmation (OAP) dans le Plan Local d’Urbanisme, afin de garantir un certain nombre de principes au niveau du plan d’aménagement.
3) RĂ©habilitation, voire extension de la salle Jacques Brel
Le rapport entre le coût de réhabilitation et les qualités fonctionnelles de cette salle nous semble militer pour sa réhabilitation, plutôt que sa relocalisation. La salle est fonctionnelle, elle dispose de parkings à proximité, et pourrait même se développer par davantage de modularité (exemple : partage de la salle en deux par cloison amovible à étudier). Ainsi, il ne nous semble pas pertinent d'en faire évoluer la fonction compte tenu de la faible plus value financière de la vente du terrain (recette de 380.000 €) comparée à la perte d’un espace associatif rénovable pour 150.000 €, et dont la reconstitution s’insèrerait dans un projet de salle polyvalente chiffré à 2.4 M €.
4) Vente du site Brignon
Rien n’est dit dans l’étude des possibilités qu’offre le site de Brignon dans le projet de territoire, y compris en terme de vente. La vente du site de Brignon peut constituer une recette financière à prendre en compte dans les faisabilités financières des scénarios d’aménagement. Un déplacement des activités économiques actuellement installées à Brignon, comme la pépinière et l’EDECE, dans la zone de La Mouline ou de l’ex-Chambourcy a-t-il été étudié?
5) Une vigilance sur l’intégration du centre de loisirs dans le pôle scolaire Prévert
Il nous paraît très important de réfléchir très en amont à la programmation du pôle Prévert si celui-ci doit intégrer l’ALSH. Cette étude doit activement impliquer la communauté éducative pour réfléchir à la fonctionnalité des lieux, à l’appui d’exemples déjà réalisés en milieu urbain.
6) Quel serait exactement le coût de la rénovation de l’école Barbou ? A-t-il été chiffré récemment ?
Conclusion :
Depuis la réunion publique du 8 novembre 2016 nous disons qu’à partir des enjeux posés par l’étude menée par Bordeaux Métropole, d’autres scénarios sont possibles et méritent d’être étudiés, tant techniquement que financièrement.
Durant le temps de l’étude initiale, entre novembre 2015 et novembre 2016, seuls 4 ateliers de travail (avec seulement 3 élus de la majorité) se sont tenus et ont débouché sur un unique scénario. Tel que présenté à la population, il nous semble déséquilibré sur plusieurs points et nous paraît insuffisamment inspiré des pratiques habitantes actuelles de Carbon Blanc.
Au regard de l’impact d’un projet urbain sur l’avenir de la commune, la disproportion entre ce peu d’ateliers et leur manque de représentativité nous semble aussi flagrante que dommageable.
Les acteurs locaux et forces vives de la commune (associations, commerçants…), n’ont pas été conviés à l’élaboration de ce projet. Les élus, pas davantage (rétention de documents techniques et financiers, aucune consultation en conseil municipal, ni échange en commissions)!
Les élus AGA et leur collectif sont inquiets de la situation financière de la commune, et s’interrogent sur la faisabilité du scenario proposé dans l’étude métropolitaine. Lors du dernier conseil municipal, ils ont demandé une discussion au sein des commissions et en conseil, sur le projet mais aussi afin de connaître exactement les possibilités financières de la commune, à court et long terme.
Nous avons été entendus et venons de recevoir une nouvelle étude concernant les groupes scolaires, avec 2 nouveaux scénarios, étude qui sera discutée lors de la commission Urbanisme du 21 mars prochain.
Nous allons étudier les 2 nouveaux scenarios proposés afin de pouvoir donner notre avis lors de la commission, mais ces nouvelles études ne modifient pas les remarques de fond contenues dans le texte ci-dessus.
Le collectif AGA et ses Ă©lus, 15 mars 2017
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